Un poème contre la polyarthrite rhumatoïde

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Un poème contre la polyarthrite rhumatoïde

La polyarthrite rhumatoïde s’est immiscée dans la vie de Philippe Wanufel il y a quinze ans. A l’époque, il était professeur de religion en Belgique ; activité qu’il a depuis dû arrêter. Il est maintenant bénévole dans une association de soutien aux personnes handicapées et clown en clinique.

Cet amateur de poésie depuis son plus jeune âge, a écrit, l’année dernière, un livre contenant une vingtaine de petits textes poétiques. Son ouvrage, intitulé « Lettres à Polly » a été rédigé entièrement au profit de l’association belge Cap48, consacrée aux handicapés.

Pour Philippe Wanufel, coucher les mots sur le papier est une sorte de thérapie, une manière de lutter contre la pathologie qui s’attaque à ses articulations. « L’écriture me permet de faire comprendre la maladie aux personnes qui vivent avec moi ou à ceux qui ne connaissent pas cette pathologie car c’est un mal qui ne se voit pas », explique-t-il.

Le poète nous a fait parvenir le premier texte de son recueil que nous vous faisons découvrir ci-dessous. Quelques lignes adressées à Polly… La maladie (personnifiée sous les traits d’une amante infernale) qui ne le quitte plus. Un poème émouvant et criant de vérité.

Lettre à Polly, ma maîtresse

Polyarthrite Poeme 2

Voilà six ans que tu es entrée dans ma vie,
T’insinuant dans mes projets sans retenue.
Tu t’investis, tu t’imposes de plus en plus
Et tu t’accapares mes décisions et mes envies.

Parfois discrète et douce,
Jamais au repos,
Souvent agressive, jalouse,
Méchante tantôt,
Tu me rappelles toujours
Ta présence obsédante.
Quand, par un beau jour
Une envie de dilettante
Me passe par la tête,
M’invitant normalement
A la vie, à la fête
Tu me ramènes à toi
Possessive et douloureuse
Me demandant pourquoi,
De manière si honteuse
J’ai voulu mordre pleinement
Aux joies de l’existence
En rêvant un instant
Vivre mes espérances.
De tempérament vicieuse,
Tu connais tout mon corps.
Lascive et enjôleuse,
Tu le parcours encore
De la tête jusqu’au pied
N’oubliant aucun pli.

Tu le caresses, tu l’habites,
Tu l’excites, tu l’explores
Déménageant très vite
D’un pore à un autre pore.
Tu te permets même délibérément
De le changer à ta façon
En sculptant insidieusement
Certaines articulations.

Je suis censé vivre avec toi
Jusqu’à la fin de ma vie
Alors s’il te plait, laisse moi
Quelques instants d’euphorie.
Fais moi oublier la douleur,
Retire toi sur la pointe des pieds
Que je puisse quelques heures
Ou quelques jours m’abandonner
A l’ivresse d’une vie normale,
Au bonheur d’un quotidien,
Où libéré du mal
Je respirerai enfin.

Si vous souhaitez vous procurer le recueil de poèmes, vous pouvez en faire la demande auprès de son auteur à l’adresse suivante [email protected]. « Lettres à Polly », éditions du Basson, 12€.