Jean est atteint d’une maladie de peau assez mal connue mais invalidante : le psoriasis. Sa vie a été très perturbée, essentiellement sur le plan amoureux.
La vie de couple, c’est déjà compliqué en temps normal, mais avec un psoriasis, ça n’arrange pas les choses »,
explique-t-il. Chaque fois qu’il rencontre une nouvelle jeune femme, elle l’interroge sur ces plaques rouges couvertes de squames.
Elles craignaient que ce ne soit contagieux. J’avais beau leur expliquer que ce n’était pas le cas, elles avaient l’air sceptiques. Et certaines n’étaient pas très ragoûtées. Même si par politesse, elles tentaient de le cacher, je pouvais le détecter, et ça me faisait mal ».
Jean a très mal vécu d’avoir à se justifier systématiquement sur sa maladie, même s’il confesse qu’à leur place, il aurait sans doute réagi de la même façon. C’est surtout dans l’intimité que ces situations pénibles à vivre se déclaraient, car pour sa part, les plaques sont localisées sur les genoux, les coudes, le dos, les fesses et un tout petit peu sur le cuir chevelu, ce qui lui cause quand même quelques pellicules qu’il qualifie de « disgracieuses ». Il confesse que l’été était pour lui la pire saison, car il portait des chemises à manches longues et des pantalons pour tenter de cacher “ces maudites plaques”.
Quand une relation démarre de façon un peu fluide et que ce sujet arrive sur le tapis, autant dire que ça casse la dynamique. A chaque fois, j’avais le sentiment d’être un pestiféré. Quand on sent le non désir de l’autre, qui tombe brutalement comme un couperet après qu’on se soit déshabillé, on ne peut que flancher sur le plan de son amour propre »,
déplore-t-il. Sans compter que le psoriasis représente une double peine : l’aspect peu esthétique d’un côté et les démangeaisons de l’autre.
Un type qui se gratte en permanence, je reconnais qu’il y a plus sexy »,
déclare-t-il avec un sourire. Et que dire des nuits trop courtes, car les démangeaisons ruinent le sommeil ? De la peau qui colle aux draps à causes des plaies qui suintent ? De l’humeur fatalement altérée par ces souffrances physiques et psychiques ? Jean lève aussi le voile sur un sujet totalement tabou : le psoriasis génital.
Il peut concerner aussi bien les hommes que les femmes. Je ne rentrerai pas dans les détails, d’autant que je ne suis pas concerné, mais c’est infernal à vivre, même s’il existe des traitements ».
Puis, un jour, il a rencontré Elisabeth. Sensibilisée à la maladie, elle l’a accepté comme il était. Depuis, il s’est réconcilié avec la période estivale et n’a plus peur de montrer ses plaques, même s’il vaut mieux les protéger.
On s’adapte, mais pour la première fois, j’ai en face de moi quelqu’un qui me comprend et me respecte. Ca change tout ! »