Rencontre avec la réalisatrice du film de prévention sur le cancer du sein « La Lionne ou l’autruche »

Il y a un an et demi, Isabelle Sebagh a été diagnostiquée avec un cancer du sein de stade 3. Cette cinéaste de 54 ans vient de réaliser « La lionne ou l’autruche », un court-métrage de prévention du cancer du sein visant à inciter les femmes à se faire dépister.

Voix des Patients a posé trois questions à Isabelle.

Quelle est votre histoire ?

Ca faisait trois ans que je faisais des mammographies régulièrement tous les ans, j’avais des calcifications dans le sein, et puis j’ai arrêté d’aller faire les mammographies. J’ai fait l’autruche. C’est-à-dire que ça n’évoluait pas, je me suis dit que ça n’allait pas bouger. Mais comme j’ai une sœur qui avait eu un cancer au même sein et au même stade, dix ans auparavant, je faisais partie de la population à risque.

J’ai commencé par sentir mon sein lourd et un peu chaud. C’est là que je n’ai pas voulu me rendre à l’évidence qu’il y avait un problème, donc j’ai laissé traîner la chose. Je me suis dit « ça va passer, ce n’est rien ».

Cela se passe vraiment dans l’inconscient, c’est à dire qu’il y a un vrai déni. Un soir, je me déshabillais pour aller dormir et en enlevant mon soutien-gorge, j’ai senti une grosse boule, donc la tumeur avait eu le temps de faire son nid, et là j’ai eu peur.

Au final, j’avais une tumeur de trois centimètres. C’est beaucoup ! Donc cela signifie que j’ai attendu trop longtemps. Je n’ai pas écouté les symptômes, alors qu’en réalité dès qu’on sent une anomalie, il faut consulter.

Quel conseil donneriez-vous aux femmes ?

Il ne faut pas faire l’autruche, c’est mon immense erreur, parce que si j’avais été chez le médecin avant, dès que j’ai senti mon sein lourd, peut-être que ma tumeur aurait été moins grosse. J’ai dû subir un traitement lourd : huit séances de chimio, ablation du sein, radiothérapie et maintenant traitement anti-hormonal. Alors que ça aurait pu être plus léger en prenant les devants.

Maintenant, vous êtes investie dans la cause ?

La peur n’évite pas le danger. Elle nous paralyse et il faut savoir faire face à certaines réalités. C’est pour ça que j’ai réalisé un court-métrage de prévention appelé « La Lionne ou l’autruche ».

Un jour, j’ai demandé à mon médecin : ‘qu’en penseriez-vous si je réalisais un court-métrage de prévention sur le cancer du sein ?’ Elle m’a répondu ‘vous sauverez des vies’. Cela signifie que les femmes ne vont pas assez passer leurs mammographies ; comme moi à l’époque…

J’avais reçu une subvention pour l’écriture d’un long-métrage et je me suis dit que pour me remettre au travail, j’allais commencer par ce court. Parce que je vis comme un miracle le fait d’avoir guéri, je me suis dit il faut encourager les femmes à aller se faire diagnostiquer.


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