En quoi notre ventre est le reflet de nos émotions ?

Vie sociale
En quoi notre ventre est le reflet de nos émotions ?

Voix des Patients s’intéresse aux troubles psychosomatiques qui se manifestent le plus souvent au niveau du ventre. Ce dernier est souvent qualifié de « second cerveau ». Mais pourquoi au juste ?

Les premiers coupables potentiels dans les souffrances du ventre sont les émotions. En effet, que ce soit la peur, l’anxiété, l’angoisse… ces ressentis se manifestent par des douleurs.

Des expressions qui en disent long

On parle d’ailleurs souvent d’une « boule au ventre », de choses qui « nous prennent aux tripes » ou encore de « nœuds à l’estomac ». Mais aussi de « se faire de la bile » ou bien de « ravaler sa colère ». Certaines expériences « nous laissent un goût amer », notamment quand il faut « digérer un affront », car « cela nous reste en travers de la gorge ». On est même parfois « rongé de l’intérieur », surtout quand c’est « viscéral »… Parfois, ce sont des émotions plus positives qui génèrent des « papillons dans le ventre », en lien avec « une passion dévorante ». Ces expressions en disent long sur le fait que nos maux psychologiques s’incarnent au niveau du ventre.
Le ventre est le siège des émotions. Il digère les aliments mais aussi nos émotions. Et cela se traduit par des douleurs intenses, des sensations de torsion mais aussi des répercussions diverses sur le transit intestinal. Une attaque de panique peut ainsi se traduire par des signes très intenses et violents, ou bien par des douleurs plus lancinantes et durables.

Stress et anxiété

Ce stress intense peut provoquer des ulcères à l’estomac. Le stress et l’anxiété jouent aussi un rôle dans l’expression des fréquentes colites spasmodiques, également baptisées syndrome du « côlon irritable ». Un adjectif qui en dit long sur la symbolique émotionnelle et relationnelle attribuée à cet organe. Concrètement, cela se manifeste par des douleurs abdominales répétées accompagnées de troubles du transit. D’autres émotions s’expriment aussi par le ventre : le dégoût donne parfois envie de vomir. Quant à la tristesse et la mélancolie, elles peuvent engendrer de la constipation. Les personnes en dépression sont souvent touchées par ce symptôme. Dès tout petit, l’enfant qui n’a pas envie d’aller prétend avoir mal au ventre. Les adultes aussi ont mal au ventre, une constipation, une diarrhée lors d’une contrariété, d’un stress, d’un changement de rythme de vie. Des troubles affectifs ou émotionnels entraînent des risques de souffrir de troubles du transit. L’inquiétude, la peur et l’angoisse nous coupent la faim. On est facilement écœurés. Au contraire les contrariétés peuvent nous pousser à nous réfugier dans une alimentation réconfortante, sur un mode un peu « boulimique ». Toute situation stressante influe sur l’intestin. Quand on a mal au ventre, c’est souvent que « quelque chose ne va pas » et le corps se manifeste en envoyant un signal d’alarme.

Parfois des syndromes délirants

D’autres pathologies psychiques comportent un excès de préoccupation pour le système digestif. Ainsi, certaines formes d’hypocondrie conduisent à une focalisation obsédante sur le bon fonctionnement de cet organe, et surtout du transit quotidien. Certains patients sont ainsi convaincus que leurs organes, et notamment leur système digestif, ne fonctionnent plus du tout. Baptisé syndrome de Cotard, cette façon de voir les choses peut s’accompagner de conduites suicidaires. Et que dire des troubles du comportement alimentaire, qu’il s’agisse de boulimie ou d’anorexie ? Faire disparaître son ventre et son contenu, en maigrissant et en abusant de produits laxatifs est une pathologie grave, qui repose sur une perturbation de l’image du corps et plus spécifiquement du ventre.

La connexion du ventre à l’encéphale

Le succès mondial du livre de Giulia Enders, Le charme discret de l’intestin, est un signe de notre fascination (et parfois de notre obsession) pour le tube digestif et ses turpitudes. Elle révèle, entre autres choses, que l’intestin est un organe très fortement connecté au système nerveux, notamment à l’encéphale. Il intègre même des neurones et quelque 20 neurotransmetteurs identiques à ceux produits par le cerveau, parmi eux retenons la sérotonine dite hormone du bonheur qui participe à la gestion de nos émotions et qui est produite à 95% dans l’intestin. C’est pour cette raison que depuis plusieurs années, on entend dire que le ventre serait un « deuxième cerveau ».

La médecine occidentale découvre depuis peu que la médecine chinoise a identifié depuis longtemps, puisqu’elle avait identifié que le corps humain est sous le contrôle de deux cerveaux : le cerveau cérébral et le cerveau abdominal. Ce dernier possède son propre système nerveux, avec un nerf qui assure une communication constante entre le ventre et le cerveau. 80% des messages et signaux de notre corps, tels que la faim ou la douleur sont générés dans notre ventre avant de se propager jusqu’au cerveau. À noter, de récentes études soulignent le lien entre malbouffe et déprime. Autrement dit, il existe un lien réel entre alimentation et santé mentale. Selon le Dr Gershon, spécialiste de ces questions, « nos deux cerveaux, celui de notre tête et celui de notre ventre, doivent coopérer. Si ce n’est pas le cas, il se produit le chaos dans notre ventre et la misère dans notre tête ». À méditer…

M-FR-00014628-1.0 – Établi en janvier 2025