Schizophrénie : assumer le regard des autres sur la maladie de son enfant

Schizophrénie : assumer le regard des autres sur la maladie de son enfant

Depuis longtemps maintenant, Pierre et Vanessa composent avec la maladie de leur fils Côme. Ce dernier a été diagnostiqué « schizophrène » quand il était adolescent. Pour ce couple solide et uni, le quotidien est difficile, d’autant que Pierre est une personnalité politique…

Il a bien sûr préféré utiliser un pseudo pour témoigner. Quand il a appris que son fils souffrait d’une maladie mentale, cela a été un véritable choc : Je sentais bien sûr qu’il avait des troubles du comportement, mais je ne m’attendais pas du tout à ce qu’on nous annonce une maladie mentale dont nous connaissions à peine l’existence. »

Manipulations politiques

Pierre est une personnalité politique. Il a été adjoint au maire d’une commune en région bordelaise, et s’est toujours beaucoup investi en politique. Il a brigué un mandat de maire, mais aussi de député, en s’investissant activement dans des campagnes. « Mes détracteurs ont su ce qu’il en était pour Côme, car bien sûr, les nouvelles vont vite. Ils ont cherché à s’en servir contre moi. En tentant de faire croire que nous étions une famille de fous », se désole-t-il. La double peine. À la souffrance d’un fils malade, s’est ajoutée celle des coups bas. Les manigances de ses opposants ne l’ont bien sûr pas laissé indemne. Pierre avoue avoir été « écorché » et avoir eu du mal à assumer. « On n’a pas envie de s’étendre sur sa vie privée. Et pourtant, quand on est attaqué publiquement, pas question de laisser les gens raconter n’importe quoi », explique-t-il. Il reconnaît avoir parfois eu honte de cette maladie, qui lui collait à la peau. Et bien sûr, honte d’avoir eu honte. « J’avais pris soin de ne parler à personne de ce que je vivais pour éviter que cela ne s’ébruite, car je connais la bassesse de certaines personnes. Pourtant, cela fait du bien parfois de partager ce qu’on a sur le cœur. J’avais choisi d’en parler avec une psychothérapeute, mais on peut parfois avoir envie de s’ouvrir dans d’autres cadres. Je m’étais abstenu par prudence. Quand l’information a fuité, j’étais sidéré », témoigne-t-il. Il reconnaît que la maladie mentale est un sujet tabou qui continue de faire peur :Il n’y a pas que les patients qui sont stigmatisés. Leurs proches le sont également. Avec toute la culpabilité qui va avec… ! »

S’affranchir de la culpabilité

Pour s’affranchir de cette culpabilité, Pierre a souhaité faire taire les rumeurs d’un fils caché. Lors des dernières élections municipales, il l’a emmené dans ses différents meetings.
Côme était ravi de partager un peu de mon quotidien. De mon côté, j’avoue que cela m’a permis d’assumer. Et de faire taire les mauvaises langues », raconte-t-il.À 25 ans, Côme vit encore avec ses parents, car il n’est pas en mesure de travailler. Jour après jour, la famille apprend à vivre avec la réalité de cette maladie. « Les viles manœuvres, paradoxalement, nous ont permis de progresser et d’avancer. À l’avenir, nous n’excluons pas de nous investir dans une association et de mener des actions de sensibilisation pour accompagner les proches, car nous ne savons que trop bien à quel point la souffrance est réelle », conclut-il.

M-FR-00013089-1.0 – Établi en décembre 2024