Scoliose : dépistez votre enfant !

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Scoliose : dépistez votre enfant !

La scoliose est une affection invalidante qui déforme la colonne vertébrale dès l’enfance. Réunis à Paris, début décembre, par la Fondation Yves Cotrel-Institut de France, les spécialistes insistent sur l’importance d’un dépistage précoce.

La scoliose (du grec skolios, »tortueux ») se traduit par une déformation de la colonne vertébrale dans les trois dimensions. Cette maladie concerne 1 à 3% de la population. La plus fréquente est la scoliose idiopathique, qui apparaît au moment de la croissance et dont la cause est mal connue. Il existe aussi des scolioses non idiopathiques apparaissant à l’âge adulte et dégénératives, liées à l’arthrose du rachis. Celles-ci concernent plus fréquemment les femmes après la ménopause.

Un gène impliqué

Le port d’un cartable trop lourd n’est pas responsable de scoliose et, dans les 3/4 des cas, les causes en demeurent totalement inconnues. Cependant, selon une étude franco-québécoise, un gène pourrait être impliqué dans certaines formes familiales (scoliose idiopathique) – soit 1/3 tiers des cas environ. Il s’agit du gène POC5, qui semble jouer un rôle majeur dans la mise en place de l’asymétrie corporelle droite-gauche, très précocement lors de l’embryogénèse. Ce gène est, de plus fortement actif dans le cerveau, ce qui laisse penser que le défaut est situé au niveau du contrôle cérébral de la statique rachidienne. Une avancée significative pour tenter d’envisager de nouvelles stratégies thérapeutiques.

L’utilité du corset démontré

Le port du corset permet de limiter l’évolution de la maladie. Même si toutes les scolioses très modérées ne sont heureusement pas évolutives, la moitié au moins le sont et doivent être traitées. L’une des pistes les plus avancées de la recherche passe la modélisation de la colonne vertébrale en 3D qui permet de prédire l’efficacité du port d’un corset et l’évolution d’une scoliose. L’enjeu est de déterminer quel enfant aura le plus d’intérêt à porter un corset et d’éviter des prescriptions inutiles.

Dépistez votre enfant, c’est facile !

Il suffit pour cela de quelques observations simples en faisant se pencher l’enfant en avant.

L’intérêt de faire du sport

Pratiquer une activité sportive pendant le traitement est le plus souvent recommandé. Cela aide le jeune enfant à supporter l’inconfort du corset, à améliorer sa fonction respiratoire, à renforcer les muscles de son dos. La natation est particulièrement conseillée tout comme les sports asymétriques (tennis) qui n’aggravent pas les déviations existantes. Le vélo, avec dos rond, est aussi indiqué, même au plus haut niveau. Un bémol pour des activités telles que le rugby, la lutte ou la gymnastique acrobatique.

Attention : manipulations vertébrales à proscrire

La kinésithérapie peut jouer un rôle complémentaire éventuel, notamment avec le recours à des techniques d’étirement de certaines zones. Mais il ne faut pas avoir recours à l’ostéopathie. Les manipulations vertébrales doivent être totalement proscrites car elles sont non seulement inutiles sur la déviation existante mais dangereuses.

La chirurgie en dernier recours

Le recours à la chirurgie ne se justifie que dans des indications très strictes : les échecs du corset et les scolioses importantes, dont le pronostic serait mauvais à l’âge adulte. Si un geste chirurgical doit avoir lieu, c’est après le pic de croissance. Chaque année, en France, des équipes très spécialisées opèrent ainsi environ 1 500 dos déformés, soit moins de 10 % des malades. Des plaques, vis et tiges sont alors utilisées pour corriger les déformations et rétablir au mieux l’esthétique. Des prouesses chirurgicales à risque car effectuées à proximité de la moelle épinière. Ces interventions durent plus de 8 heures et bénéficient désormais d’une surveillance dite « intraopérative multimodale », c’est-à-dire avec un enregistrement continu de l’activité des nerfs et de la mœlle épinière.

L’importance d’un dépistage précoce

Lorsque la déformation est importante, les traitements sont difficiles, voire handicapants pour les enfants ou les adolescents dépistés trop tardivement. Et les résultats parfois décevants. Dépister le plus précocement possible permet donc d’envisager une déformation minime, une croissance la plus proche possible de la normale et, surtout, sans perte de la mobilité vertébrale.