En France, à peine plus d’un citoyen sur deux a été initié aux gestes de premiers secours, contre 80 % en Allemagne, en Autriche, en Norvège ou encore au Danemark. C’est ce que révèle un sondage réalisé par YouGov pour 20 Minutes. Des chiffres assez édifiants…
Pourtant, bien des vies pourraient être sauvées si les Français connaissaient les bons gestes. Ceux qui sauvent ! Or, selon la Croix-Rouge, seuls 29 % des Français ont reçu une formation reconnue.
Autre chiffre fourni par le Baromètre santé de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) : près de 20 000 personnes meurent chaque année dans un accident de la vie courante (AcVC). Il s’agit en premier lieu de chutes, mais aussi de suffocations souvent liées à l’ingestion d’aliments provoquant l’obstruction des voies respiratoires. Viennent ensuite les noyades et les intoxications.
Si les citoyens étaient formés aux gestes de secours, ils pourraient ainsi sauver plus de la moitié des victimes d’AcVC, soit 10 000 vies.
Selon la fédération française de cardiologie, chaque année, 40 000 personnes sont victimes d’un accident cardiaque. Alors même que dans 7 cas sur 10, ces accidents surviennent devant un témoin, 92 % sont fatals, faute d’une prise en charge immédiate. En effet, ces proches ou ces passants sont encore trop peu nombreux à connaître les gestes de premiers secours.
Dans d’autres pays, les citoyens sont davantage formés aux massages cardiaques et à l’usage des défibrillateurs.
De la même façon, si les automobilistes étaient formés aux premiers gestes de secours, ils pourraient sauver de nombreuses vies chaque année lorsqu’ils arrivent sur les lieux d’un accident de la route.
Près de 40 % des citoyens français ont été formés un jour aux gestes qui sauvent. C’est peu mais mieux que les années précédentes. Pourquoi ce retard par rapport à des pays comme l’Allemagne ou la Norvège, où 95 % de la population a été éduquée aux premiers secours ? Tout d’abord, il n’est pas toujours facile de trouver une formation à proximité de chez soi et à un coût abordable, même si l’e-learning permet de se former à distance. Par ailleurs, l’une des explications est d’ordre culturelle. Ce n’est pas dans nos réflexes. Les Français sont plutôt superstitieux, et certains pensent que le fait de se former aux gestes qui sauvent pourrait « leur porter la poisse ». Selon certaines associations, beaucoup ne connaissent même pas les numéros d’urgence. D’où l’intérêt d’enseigner les bons réflexes dès le plus jeune âge. Des initiations sont d’ailleurs menées auprès d’enfants dès l’école avec des dispositifs adaptés à leur niveau. Autre raison expliquant que la France soit le « mauvais élève » en Europe avec le taux de formation le plus bas : la peur de mal faire et d’aggraver la situation, avec le risque que la famille de la victime se retourne contre le « sauveur ».
Sur ce point précis, on peut saluer la création du statut de citoyen-sauveteur (suite à une loi, promulguée le 3 juillet 2020), qui offre une protection juridique aux personnes portant secours à des victimes d’un arrêt cardiaque. Il s’agit ainsi d’encourager les témoins à intervenir.
Les études réalisées montrent qu’une action, même imparfaite, vaut mieux qu’aucune action. Il faut oser et ne pas hésiter à intervenir… et le plus vite possible ! », observe Anne Delvert, directrice projets chez Harmonie ambulance.
Dans une certaine mesure, la multiplication des séries télé, où il est question de services d’urgences, a familiarisé les Français avec ces questions. Lors de son élection à la présidence de la République française en 2017, Emmanuel Macron avait indiqué vouloir former 80 % des Français aux gestes qui sauvent d’ici 2022. Et en avait une grande cause nationale. À date, l’objectif n’a été qu’à moitié atteint, en dépit d’un réel volontarisme. À l’instar de la Croix-Rouge et de la Protection Civile, les associations organisant des formations se sont en effet largement mobilisées. Quant à la population, elle a en grande partie répondu présente suite aux nombreuses actions de sensibilisation. Mais il faut du temps pour rattraper le retard accumulé. Le chemin sera long, mais nous sommes sur la bonne voie !
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