Cardiologue et professeur de médecine vasculaire, Claire Mounier Véhier est aussi co-fondatrice du Fonds de dotation Agir pour le Cœur des Femmes. La médecine est pour elle une véritable vocation. Un instinct !
Il faut dire que soigner, c’est une affaire de famille. Sa mère a exercé en tant que médecin généraliste, et son père, le Pr André Vacheron, en tant que cardiologue et chef de service à l’hôpital Necker. Depuis l’âge de 7 ans, je rêvais de devenir médecin. Plus précisément, je voulais être gynécologue obstétricien, mais il se trouve que je suis amblyope. Autrement dit, j’ai un léger dysfonctionnement de la vue, si bien que je me suis plutôt orientée vers la cardiologie », explique-t-elle.
Sensibiliser les femmes aux maladies cardio-vasculaires
Très concernée par les problématiques des femmes, qui ont tendance à ne pas s’écouter assez, elle a lancé en février 2020, avec Thierry Drilhon, administrateur et dirigeant d’entreprises, un fonds de dotation : Agir pour le cœur des femmes. « L’objectif est que les femmes prennent en main leur santé cardio-vasculaire à toutes les phases clés de leur vie, mais aussi d’accélérer la prévention. Pour ce faire, il s’agit de leur donner accès au dépistage et aux soins cardio-vasculaires et gynécologiques au plus près de chez elles. Cela suppose de former et d’associer l’ensemble des professionnels de santé au sein des territoires. Nous voulons aussi stimuler et accélérer la recherche médicale sur les spécificités du risque cardio-vasculaire féminin. Rappelons que les maladies cardio-vasculaires sont la première cause de mortalité chez la femme, tuant encore 200 femmes par jour en France », ajoute-t-elle. L’une de ses actions emblématiques, c’est le Bus du Cœur des Femmes, lequel se déplace dans plusieurs territoires. Nous dépistons en moyenne 300 femmes à chacune de nos étapes. Ce partenariat ville hôpital représente un gigantesque travail et nous avons créé un Observatoire national de la santé des femmes, pour lequel nous avons reçu l’agrément de la CNAM et de 3 ministères », déclare-t-elle. Depuis mars 2024, nous avons mis en place un vaste programme de dépistage au sein des établissements de santé, plus agile au sein des territoires avec une période test de 6 mois : La journée du Cœur des femmes avec déjà 500 femmes dépistées sur 5 territoires.
Être dépistée à temps, c’est essentiel !
Elle-même a été dépistée, 2023, et a ainsi découvert qu’elle souffrait d’un cancer du sein. Courageusement, elle a communiqué sur ce sujet dans le cadre des réseaux sociaux qu’elle alimente régulièrement pour faire de la prévention. Le fait de poser en blouse bleue, et non plus en blouse blanche, a eu un impact considérable. L’occasion pour la cardiologue de souligner l’importance d’être dépistée à temps, car on le sait, plus la maladie est diagnostiquée tôt, mieux on la guérit. « Je ne bois pas, je ne fume pas… mais le stress produit beaucoup de ravages. Je demande aux femmes de témoigner pour sensibiliser, et il m’a paru important de faire de même pour mon cancer du sein. Je me suis exprimée non pas en tant que médecin, mais en tant que patiente pour raconter ma maladie. Pour toucher les gens, je pense qu’il faut parler vrai. Cette révélation a déclenché plusieurs centaines de prises de rendez-vous pour des mammographies », se félicite-t-elle.
Combativité, courage et humilité…
Elle en est convaincue, les gens ont besoin d’humanité et d’écoute. « Les entretiens dans notre bus sont menés par des médecins et des sage femmes dans une ambiance cocooning. Il n’y a aucun examen clinique sauf la mesure de tension et les prises de sang au bout du doigt. On aurait pu prévoir un échange téléphonique, mais notre philosophie, c’est de remettre le regard, la gestuelle, le non verbal au centre du soin. C’est ce que j’essaie d’apprendre à mes internes », souligne Claire Mounier Véhier. Interroger, écouter et regarder son patient, cela s’apprend et cette écoute ne pourra jamais être remplacée par un ordinateur. Les deux sont bien sûr complémentaires ! Même quand elle fait ses courses, elle se promène avec ses cartes « Agir pour le cœur des femmes » et discute avec les vendeuses, les clientes… : « C’est une sorte d’instinct médical qui se manifeste en permanence, même en vacances ! » Soigner les autres, cela l’apaise. En parlant de rêve, elle rappelle à quel point il est important d’aller au bout des siens. J’avais une prof d’histoire en 5eme qui m’avait dit que j’étais tellement nulle que je ne serais jamais médecin », explique-t-elle. Comme quoi…
En savoir plus :
> Agir pour le cœur des femmes
M-FR-00013037-1.0 – Établi en décembre 2024