« Sport sur ordonnance », quel bilan ?

« Sport sur ordonnance », quel bilan ?

En février 2017, on apprenait que des médecins pouvaient désormais prescrire une activité physique. Mais cette dernière est-elle remboursée ? Et quel est le bilan du dispositif un an après sa mise en place ?

La loi de modernisation du système de santé du 26 janvier 2016 fait de la prescription par les médecins traitant de l’exercice physique sous toutes ses formes une priorité de santé publique. L’objectif : prévenir et traiter les maladies chroniques, lesquelles concernent, en France, plus de 11 millions de personnes.

Un dispositif finalement peu appliqué
Si l’idée de prescrire des activités physiques semble pertinente sur le principe, elle s’est avérée problématique. En effet, les médecins ne devaient pas réaliser une ordonnance (contrairement à ce qu’induit le nom du dispositif), mais remplir un formulaire spécifique, évaluer l’état de santé des patients et les orienter vers les acteurs identifiés par le décret (éducateurs sportifs, kinésithérapeutes, psychomotriciens ou ergothérapeutes…). Peu de médecins ont mis en place ce dispositif.

Ceux qui ont tout de même participé ont fini par demander une simplification des démarches, par le biais du syndicat MG France, tant le système était chronophage. Sans compter qu’ils ne savaient pas bien à qui adresser les patients.

Des initiatives locales
De leur côté, les patients ont dans un premier temps salué un « grand pas », avant de constater que ces activités physiques n’étaient pas prises en charge par l’Assurance Maladie. Certaines municipalités ont donc décidé de donner un coup de pouce, sous forme de soutien financier, pour permettre au système de fonctionner vraiment. Leur volonté est à la fois de contribuer à améliorer la santé de leurs concitoyens, mais aussi de limiter les risques d’inégalités sociales, partant du principe que seuls les plus aisés peuvent financer un coaching sportif. La ville de Strasbourg, notamment, s’est beaucoup engagée en ce sens (avant même d’ailleurs l’émergence de la loi). D’autres municipalités, comme Charenton, dans le Val de Marne, mènent une politique active sur ce sujet essentiel.

En Ile de France, le préfet de la région et le directeur général de l’agence régionale de santé (ARS) francilienne ont décidé à leur tour de faire bouger les lignes et de donner un coup d’accélérateur avec un nouveau plan « Sport, santé, bien-être », doté d’un budget de 1,6 million d’euros. Baptisée « Prescri’forme », la mesure vise à faciliter la prescription de sport par les médecins traitants, en mettant à leur disposition un site Internet référençant les 600 centres médico-sportifs qui sont pour l’instant homologués « santé sport », les associations sportives agréées et les sites de pratique sportive autonomes. Ils disposeront aussi d’un carnet de suivi pour leurs patients. Les éducateurs sportifs et les associations seront quant à eux sensibilisés à l’accueil d’un nouveau public, plus âgé, moins compétiteur et pouvant nécessiter des pratiques adaptées à leur pathologie. Les dirigeants de clubs ou d’associations sportives, sont incités à trouver des créneaux disponibles dans les stades et les gymnases, sachant que l’Ile-de-France est la région la moins bien dotée en équipement. Enfin, les ateliers activités physiques actuellement organisés dans les grands centres hospitaliers comme La Pitié-Salpêtrière, à Paris, sont appelés à se multiplier.

Ce plan quadriennal vient d’être mis en place ce mois de janvier. L’objectif est aussi de convaincre les médecins généralistes, non pas des vertus thérapeutiques du sport, mais de la place qu’ils doivent prendre dans ce dispositif. Sans leur action, rien ne sera possible à grande échelle.

Selon le baromètre Sport-Santé de la FFEPGV, réalisé avec IPSOS en décembre 2017, 72% des Français ont déjà suivi la prescription ou le conseil de leur médecin s’agissant de la pratique d’une activité sportive. C’est déjà l’un des grands mérites de la loi : sans ces prescriptions, beaucoup de patients ne se seraient pas spontanément mis au sport!

« Sport sur ordonnance » : un plan en Ile-de-France pour encourager les médecins

Les hôpitaux proposant du « sport » thérapeutique
Pour le cancer
Hôpital Pitié-Salpêtrière (75),
hôpital Avicenne de Bobigny (93),
Oncopôle de Toulouse (31),
Centre Oscar-Lambret de Lille (59),
CHU de Clermont-Ferrand (63)…
Pour l’obésité et le diabète
CHU de Clermont-Ferrand
Pour les maladies cardiovasculaires et respiratoires chroniques
CHU de Rennes, Annuaire en ligne des centres de réadaptation cardiaque
Pour la fibromyalgie
Centre d’évaluation et de traitement de la douleur (hôpital de la Timone, Marseille).