Urgences cardiaques : les gestes qui sauvent

Urgences cardiaques : les gestes qui sauvent

L’urgence en santé cardiovasculaire est d’arriver à assurer la survie du patient, à limiter les séquelles, et à intervenir efficacement pour réduire les risques à court et long termes. Le quotidien du Dr Laurent Sebagh, responsable du service de cardiologie interventionnelle de l’Institut du Cœur Paris-centre.

DrLaurent Sebagh
Dr Laurent Sebagh

Comment surviennent les accidents cardiovasculaires ?

Les maladies cardiovasculaires sont dues à la formation de plaques d’athérome (graisse) sur parois des artères qui gène la circulation sanguine. En fonction du degré d’obstruction, les pathologies et les symptômes sont différents. L’angine de poitrine (ou angor) est causée par une obstruction partielle des artères coronaires qui irriguent le cœur. Ce qui ralentit la circulation sanguine et entraîne une moins bonne oxygénation du cœur. L’infarctus du myocarde (ou « crise cardiaque ») est provoqué par une obstruction totale d’une artère coronaire, ce qui prive complètement le cœur d’oxygène.
L’accident vasculaire cérébral (AVC) survient de la même façon quand une artère irrigant le cerveau est obstruée ou se rompt.

 

Chaque année, en France :

40 000 personnes meurent d’un arrêt cardiaque, dans 70 % des cas du fait d’une maladie cardiovasculaire.
150 000 personnes sont victimes d’un infarctus du myocarde.
130 000 personnes sont victimes d’un AVC. L’accident vasculaire cérébral est la première cause de handicap acquis de l’adulte, la deuxième cause de démence (après la maladie d’Alzheimer) et la troisième cause de mortalité selon le ministère de la Santé. Après un premier AVC, le risque de récidive est important, estimé entre 30 et 43 % à cinq ans.

 

Quels sont les signes qui doivent alerter ?

Des douleurs dans la poitrine, l’éssoufflement rapide lors d’un effort physique ou en situation de stress sont associés à une angine de poitrine. Chez les personnes sportives, cela peut tout simplement se manifester par une baisse des performances. Une douleur thoracique est d’autant plus alarmante si elle est brutale, oppressante et particulièrement persistante. Elle peut être le signe d’un infarctus, notamment si elle donne l’impression d’être serré comme dans un étau au niveau du sternum, irradie dans le dos, l’estomac, la mâchoire, les épaules, le bras et la main gauches. Elle peut s’accompagner de sueurs et de nausées. Cependant les symptômes d’un infarctus sont parfois plus discrets (ballonnements, essoufflement, fatigue intense) voire totalement inexistants, notamment chez les diabétiques, les femmes et les personnes âgées.
L’accident vasculaire cérébral peut se manifester, lui aussi, par des symptômes très variés : violents maux de tête inhabituels, confusion, perte d’équilibre, difficultés à parler ou à comprendre, trouble ou perte brutale de la vision, faiblesse ou paralysie d’un membre ou de toute une moitié du corps. Dans tous les cas, il faut réagir vite.

Quels sont les traitements d’urgence?

Les interventions percutanées, comme par exemple la pose d’un stent, sont devenues des gestes de routine. Cela consiste à introduire, à l’aide d’un cathéter, un petit ressort (stent) pour maintenir l’artère ouverte là où elle était obstruée. J’en réalise personnellement entre 8 et 10 par jour. Cela prend moins d’une demi-heure, et sans besoin d’ouvrir le patient, alors qu’il y a une vingtaine d’années, c’était une opération lourde et très risquée qui durait plusieurs heures (Lire l’article « Maladies cardiaques : 5 avancées qui ont changé la vie »).Un patient qui a subi une telle intervention peut retrouver une espérance de vie quasi identique à celle d’une personne qui n’est pas malade.

Comment réagir face à un malaise cardiaque ?

La principale constante à avoir à l’esprit est le temps. Le premier réflexe doit être d’appeler le 15 car si le Samu tarde à arriver, le médecin régulateur peut vous indiquer au téléphone des gestes d’urgence ou de réanimation qui peuvent sauver la vie. Pour chaque minute qui s’écoule après un arrêt cardiaque, les probabilités de survie chutent de 7 % à 10 %. Des études démontrent que peu de patients survivent si le délai écoulé entre la perte de conscience est supérieur à 12 minutes. Si le massage cardiaque est entrepris entre le moment de la perte de conscience et l’arrivée d’un défibrillateur, il est possible de survivre après un intervalle plus long. Si le malade est conscient, il est conseillé de l’allonger, desserrer ses vêtements, lui parler, le rassurer. L’objectif est de l’inciter à économiser ses forces et à respirer le plus doucement possible pour réduire les efforts fournis par le cœur. Il est utile aussi de le questionner sur sa situation, son état et de réunir autant d’informations que possible pour faciliter sa prise en charge par les urgentistes.

 

3 gestes qui sauvent : appeler le 15, masser, défibriller

L’installation de 80 000 défibrillateurs en accès libre et la campagne « Une vie = 3 gestes », de la Fédération française de cardiologie, ont porté leurs fruits. Le taux de survie au-delà de trente jours passe de 5 % à 15 % lorsque ces trois gestes sont réalisés.