Première cause de cécité avant 65 ans, la rétinopathie diabétique est l’une des complications graves survenant en raison d’un diabète déséquilibré. Voilà pourquoi les messages de sensibilisation invitant les personnes malades à une observance thérapeutique rigoureuse mais aussi à un dépistage ophtalmologique annuel se multiplient. Objectif : stabiliser le diabète et prévenir l’atteinte progressive et « silencieuse » de la rétine.
De son propre aveu, il a toujours été « plus sucré que salé »… Anodine en temps normal, cette préférence alimentaire en dit long sur la lutte intérieure à laquelle s’astreint quotidiennement Rochdi, diagnostiqué diabétique insulino-dépendant à l’âge de 16 ans. Vingt-cinq ans plus tard, pâtisseries et autres sucreries continuent d’avoir ses faveurs.
Il m’arrive encore aujourd’hui de céder à la tentation du paquet de bonbons ou de la tablette de chocolat, et de ne pas être aussi rigoureux que l’exige la maladie, mais c’est humain, non ? », interroge-t-il comme pour se donner bonne conscience.
Une chose est sûre : ces écarts de conduite, aussi « délicieux » soient-ils, n’échappent pas au radar de l’hémoglobine glyquée (HbA1c), comprenez un examen sanguin réalisé chaque semestre et qui reflète la glycémie du patient sur les six derniers mois. Pour Rochdi, la dernière mesure rapportait un taux de HbA1c de 7,6 %*.
C’est la preuve que mon diabète n’est pas parfaitement équilibré et que je dois être plus rigoureux, si je veux réduire le risque de complications », déclare-t-il lucide.
Complication : le mot est lâché. C’est la hantise de toutes les personnes diabétiques. Ces complications – fruit d’un diabète déséquilibré et d’une hyperglycémie prolongée sur plusieurs années – se traduisent par une détérioration des vaisseaux sanguins et des nerfs. Avec pour conséquences les plus connues : un risque d’amputations après des blessures aux pieds cicatrisant mal ou une atteinte des yeux baptisée rétinopathie diabétique. Le phénomène est pris très au sérieux face au risque associé de cécité…
D’autant plus que le processus pathologique est sournois comme l’explique le Dr Sylvie Bernasconi, endocrinologue au CHU d’Amiens. « Si certains troubles de la vue comme une impression de voile, des lettres déformées à la lecture, des douleurs ou des difficultés à passer de la lumière à l’obscurité peuvent indiquer la présence d’une rétinopathie diabétique, le plus souvent, la maladie s’installe sans donner de signes d’alerte car ce sont les petits vaisseaux sanguins, appelés capillaires, qui se dilatent ou se bouchent. On peut donc être atteint de rétinopathie même avec une bonne vue et en l’absence de symptômes », prévient-elle. Faute de symptômes inquiétants, de nombreuses personnes diabétiques – se pensant épargnées – sont alors moins vigilantes quant au suivi de la maladie. Pourtant, progressivement, l’atteinte se renforce. Des zones étendues de la rétine ne sont plus oxygénées. En réaction, cette dernière produit de nouveaux vaisseaux, plus fragiles. Le phénomène d’hémorragie s’amplifie, s’étend jusqu’au milieu de la rétine jusqu’à provoquer son décollement. Une perte de la vision survient alors, et est parfois irréversible ! « Dès les premières semaines de ma vie avec le diabète, j’ai été alerté sur les complications associées à un diabète déséquilibré. Aujourd’hui encore, l’endocrinologue me sensibilise à chaque consultation sur les conséquences dramatiques d’un diabète non suivi. Mais, quand on est jeune diabétique, on ne pense pas aux conséquences de la maladie. On se sent invincible, d’autant plus qu’on ne ressent aucune douleur, ni gène, mise à part une fatigue occasionnelle en cas d’hypoglycémie. Mais on se trompe lourdement, il n’y a pas pire qu’une maladie qui progresse et vous affaiblit en silence. Alors, j’essaie de faire attention et de suivre les conseils des médecins car je sais que ça n’arrive pas qu’aux autres… », admet Rochdi.
« Suivre les conseils des médecins », c’est donc pour Rochdi et les autres personnes diabétiques, être invités à consulter un ophtalmologue chaque année afin de réaliser un examen du fond d’œil, obtenu par dilatation de la pupille. Ce contrôle régulier par un spécialiste assure un dépistage précoce. L’occasion de vérifier l’atteinte ou non des vaisseaux sanguins des globes oculaires.
Si on laisse s’étendre la maladie, celle-ci finira par toucher le centre de l’œil et la rétine, créant de graves et irrémédiables troubles de la vision », prévient le Dr Bernasconi.
Cette consultation est entièrement prise en charge par l’Assurance maladie, le diabète étant reconnu comme affection longue durée (ALD). À noter qu’en parallèle du contrôle du fond d’œil, un autre examen de dépistage de la rétinopathie diabétique est aujourd’hui préconisé : les rétinographies à lecture différée. Effectué par un orthoptiste (professionnel de santé spécialisé dans la rééducation des yeux), cet acte consiste en une photographie numérique du fond d’œil sans dilatation de la pupille. Il y a cependant l’obligation de se rendre ensuite chez un médecin ophtalmologiste pour l’interprétation du résultat. En cas de diagnostic positif, une réponse thérapeutique (notamment au laser) sera apportée pour freiner l’évolution de la maladie, empêcher la cécité ou la survenue d’autres pathologies des yeux comme les glaucomes ou la cataracte. Toutefois, tous les professionnels de santé en conviennent, le meilleur traitement reste la prévention. Comment ? Par un contrôle régulier (au moins une fois par an) chez un ophtalmologue, l’atteinte de l’équilibre glycémique, une tension artérielle maîtrisée, ainsi qu’une bonne hygiène de vie !
Le chiffre
50 % des patients diabétiques de type 2 souffrent actuellement de rétinopathie diabétique.
*entre 4,4 et 6,5 chez une personne non diabétique ; entre 7 et 7,5 chez une personne au diabète équilibrée ; au-dessus de 7,7 % pour une personne malade au diabète déséquilibrée. (Source : Fédération française des diabétiques)
M-FR-00012418-1.0 – Établi en septembre 2024
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