Bastien, qui a été arrêté pendant un an environ pour des traitements, puis de nouveau pendant cinq mois partage avec nous son expérience. Et livre quelques conseils…
« Après mon cancer, je me réjouissais de reprendre le travail, mais la réalité fut plutôt moins rose que je ne l’avais imaginée », raconte Bastien. Après une absence d’un an et demi, il n’a pas été facile pour lui de retrouver ses repères. Et l’envie n’a cessé d’alterner avec des angoisses à répétition.
1. Opter pour une reprise en douceur
Bastien l’affirme d’emblée : s’il a accepté de témoigner (certes sous pseudo), c’est pour faire partager à d’autres son expérience. Son retour au travail, il l’avait longtemps fantasmé. Après des mois et des mois d’isolement, il se réjouissait de reprendre une vie normale.
La routine du travail peut parfois nous amener à rêver d’un long break, mais quand on est confronté au repli chez soi, on n’a qu’une envie : pester à nouveau devant son ordinateur »,
témoigne-t-il. Lors de ma première reprise, les choses s’étaient enchaînées trop brutalement. « Après une déconnection totale, j’avais été happé par le flot des rendez-vous. J’avais l’impression d’avoir perdu tous mes neurones, de ne plus être dans le bain du tout », raconte-t-il. Un manque d’anticipation qui, selon lui, est l’une des raisons pour lesquelles il a rechuté. A l’épuisement s’est ajouté la perte totale de confiance en lui. Et une mini dépression. « Pour mon deuxième come-back, j’ai donc procédé différemment. J’ai demandé à mon manager de me faire suivre quelques dossiers en amont de ma reprise. Puis, j’ai commencé en mode télétravail, le temps d’être totalement sur pied. En débarquant au bureau, d’abord en mi temps thérapeutique, je me suis senti moins largué », se réjouit-il.
2. Le yoga pour canaliser son stress
Moins largué sans doute, mais totalement stressé. « D’une nature déjà anxieuse, j’avais un peu l’impression de me noyer dans un verre d’eau. J’avais perdu mon dynamisme et mon sens du leadership, et faisais moins facilement face à mes émotions. Je me sentais plus vulnérable et parvenais d’autant moins à retrouver mes repères que plusieurs nouveaux visages avaient colonisé mon étage », raconte-t-il. Pour apaiser son stress, il a opté pour la relaxation et le yoga. « J’avais déjà essayé par le passé, mais sans accrocher particulièrement. Néanmoins, j’avais gardé en mémoire les bienfaits apaisants de cette activité », précise-t-il. A raison d’une à deux séances par semaines, et à défaut de pouvoir pratiquer le même type de sports que par le passé, il est parvenu à canaliser son stress. Et à minimiser ses angoisses relatives à la peur de pas parvenir à s’en sortir.
3. Echanger avec son entourage professionnel
Enfin, son troisième et dernier conseil tient en un mot : dialoguer. « Tout le monde n’était pas au courant de la raison de mon absence. Bien sûr, les gens ont imaginé qu’il y avait eu quelque chose de grave, mais le fait d’en parler avec eux m’a permis de bénéficier d’une plus grande tolérance et d’une plus forte bienveillance de la part de certains. Et d’éviter les commérages de la part des autres », analyse-t-il. C’est avec les clients ou prestataires de l’entreprise pour laquelle il travaille que la situation a été moins moins aisée.
J’étais tenté de leur dire la vérité, mais je craignais qu’ils pensent que mon ambition était de les apitoyer. D’un autre côté, le fait de me taire ne me permettait pas de justifier de n’avoir pas suivi tous les dossiers et d’être moins performant »,
déclare Bastien. Ses choix se sont opérés un peu au cas pour cas, mais souvent tout de même plutôt en faveur de la transparence. Aujourd’hui, les choses sont rentrées dans l’ordre, mais comme il le souligne avec insistance :
il faut être capable de s’armer de patience et arrêter de croire que du jour au lendemain, les choses seront comme avant ».
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