Angélique : « on a fait congeler des embryons pour avoir des enfants »

Angélique : « on a fait congeler des embryons pour avoir des enfants »

Fin 2016, Angélique apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Elle a alors 33 ans. Elle est mariée mais n’a pas encore d’enfants. La maladie va amener le couple à prendre des décisions pour en avoir dans le futur. Récit.

C’est en novembre 2016 que le diagnostic est annoncé à la jeune femme : cancer du sein.

La tumeur était placée en haut du sein, juste en dessous de l’aisselle. J’ai eu de la chance. Cela me faisait mal, c’est comme ça que après je me suis auto palpée et que j’ai vu que j’avais une masse. La tumeur était située sur un nerf pectoral et provoquait des petites douleurs.

La mise en place du protocole de soins

Angélique et son mari rencontrent la chirurgienne qui leur explique ce qu’elle va faire : retirer la tumeur et les ganglions. Elle les dirige aussitôt vers son infirmière en sénologie :

elle nous a reçu pendant une heure pour nous expliquer comment cela allait se passer, que j’allais sûrement avoir de la chimiothérapie, de la radiothérapie et de l’hormonothérapie puisque mon cancer du sein était hormonodépendant.

L’infirmière aborde ensuite la question des enfants et le couple lui répond qu’ils n’en ont pas mais qu’ils en veulent. Angélique apprend que les traitements peuvent provoquer des difficultés au niveau des cycles et donc rendre une grossesse compliquée.

C’est le deuxième coup de massue qui m’est tombé sur la tête parce que je ne m’attendais pas du tout à ce que l’on me parle de ma fertilité alors que j’étais là pour mon cancer du sein. Alors que j’avais tenu le coup jusque là, je me suis effondrée à l’idée que je ne pourrais peut-être pas avoir d’enfants.

Préserver la fertilité…

Pour l’infirmière, les choses sont claires, il faut préserver les ovocytes d’Angélique. Elle lui conseille en effet d’enclencher des démarches pour préserver la fertilité. Angélique contacte sa gynécologue qui est par ailleurs spécialisée en fertilité :

elle m’a expliqué comment faire avant de démarrer la chimio. Soit mettre de côté 100 % d’ovocytes, soit 100% d’embryons, ou bien 50% d’ovocytes, 50% d’embryons. Avec mon mari, nous avons fait le choix de faire 100% embryons.

La gynécologue lui donne également la marche à suivre pour se faire les injections d’hormones à la maison (traitement qui stimule les ovaires).

Ensuite, sous anesthésie générale, mes ovocytes ont été prélevés (par ponction des ovaires) et mon mari a fait son recueil de spermatozoïdes. Le reste se passe en laboratoire comme une FIV sauf que nous, nos embryons sont congelés et qu’il n’y a pas eu la dernière étape de transfert, celle-ci se fera que si j’ai des difficultés à avoir un enfant quand j’aurai terminé mon traitement d’hormonothérapie.

Angélique et son mari en ont 7 de côté.

Je rajouterai que grâce à cette préservation de ma fertilité, j’ai pu traverser mes traitements plus sereinement !

… sous conditions

Lorsque sa gynécologue la reçoit, il ne reste en effet qu’un mois et une semaine pour déclencher la préservation. Or il faut une autorisation de la réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) composée d’oncologues, de chirurgiens et de médecins qui se mettent d’accord sur les traitements au vu des analyses.

Il fallait que ce soit cette RCP qui donne « le feu vert » car j’ai un cancer du sein hormonodépendant, donc des injections d’hormones posaient question (les cellules cancéreuses aiment se nourrir des hormones). La RCP a autorisé que je fasse ces injections car je commençais la chimiothérapie peu de temps après donc ce n’était pas trop grave.

Le processus a été un peu accéléré car il était bien évidemment indispensable que le prélèvement d’ovocytes ait lieu avant la chimiothérapie.

Le déroulement du traitement

Le 22 novembre 2016, c’est le jour J : celui de l’intervention. La chirurgienne lui retire la tumeur et 12 ganglions (deux sont atteints) mais son sein est préservé. La chimiothérapie commence quant à elle début janvier 2017. Ce traitement va durer 5 mois, et nécessiter 12 séances. Suivent 33 séances de radiothérapie.

J’ai démarré mon hormonothérapie en septembre, par le biais d’un cachet à prendre tous les jours pendant cinq ans, durant lesquels on ne peut pas avoir d’enfants puisque c’est tératogène pour le fœtus. Il faut attendre 6 ans pour lancer un bébé car il y a les 5 ans d’hormonothérapie et ensuite il faut attendre entre six mois et un an pour que le corps revienne à la normale, sans traitements.

explique Angélique. Elle pourra concrétiser son désir d’enfant lors de ses… 40 ans !

Ses messages aux femmes

Grâce à l’évolution de la médecine, aujourd’hui, c’est quand même possible de préserver sa fertilité quand on a un cancer hormonodépendant. Je trouve que nous n’en parlons pas assez, il y a encore trop de femmes qui passent à côté de cette possibilité,

témoigne Angélique. Elle insiste aussi sur le fait qu’être malade, ce n’est certes pas facile, car les traitements ne sont pas évidents. Elle en tire néanmoins des enseignements :

on voit la vie autrement. Moi, aujourd’hui, je suis différente. Et puis, j’ai rencontré de belles personnes, j’ai plein de projets. Il faut rester battante tant qu’on le peut.

La vie d’Angélique aujourd’hui

Angélique a retrouvé son poste de conseillère en insertion pour travailleur handicapé dans le Rhône. Elle a été en arrêt pendant un an et un mois. Elle a repris son travail début janvier à mi-temps thérapeutique,

parce qu’il est vrai qu’après un an d’arrêt, il y a quand même la fatigue. Et puis psychologiquement, reprendre à temps plein est un chamboulement important.

La jeune femme appréhendait la reprise mais finalement, tout s’est bien passé :

c’est vrai que cela fait du bien de reprendre sa vie d’avant, de retrouver ses collègues, et de se sentir utile dans une vie professionnelle.

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Parallèlement, Angélique a créé un compte Facebook, «Sein Rose », pour sensibiliser au cancer du sein et apporter des conseils.

J’organise des cafés rencontres, je suis aussi ambassadrice de l’association Jeune et Rose, dans la Loire. Je suis en train de finaliser une vidéo/document sur l’hormonothérapie qui sera bientôt disponible sur les réseaux sociaux, et j’ai pleins d’autres projets en tête.

Angélique a surmonté sa maladie. Elle s’investit dans les différentes actions qu’elle a mise en place, en attendant le projet qui lui tient tant à cœur : un premier bébé avec son mari pour ses 40 ans !