Déclinaison française du programme international « look good feel better », l’association « belle et bien » intervient auprès des femmes atteintes d’un cancer en cours de traitement. Des ateliers gratuits, animés par des maquilleuses et esthéticiennes, leur sont proposés pour renouer avec des gestes de beauté simples et pour retrouver le plaisir de prendre soin d’elles. En France « belle et bien », présente dans 24 hôpitaux et fédérant une centaine de bénévoles, a permis à plus de 17 000 patientes de remettre un sourire sur leur visage et de retrouver leur estime de soi, capitale dans la lutte contre le cancer.
Rencontre avec Róisín Dockery, directrice de l’association « belle et bien ».
L’apparence, c’est encore important quand on est atteinte d’un cancer ?
Les médecins reconnaissent les bienfaits des soins de support, utiles pour surmonter cette période difficile et les traitements qui peuvent modifier l’apparence physique et être sources d’angoisse. Nous recevons des femmes qui, préoccupées -à raison- par la maladie, le protocole et leur famille, ne prennent souvent plus le temps de s’occuper d’elles. Fatiguées, affaiblies, l’atelier leur permet de se décharger du poids de la maladie et de se redécouvrir en tant que femmes. C’est une thérapie en soi que de se dire : « Je vais vaincre le cancer et prendre soin de moi en fait partie. »
Comment se déroulent les ateliers ?
Les patientes y arrivent le plus souvent sur les recommandations de l’infirmière de la consultation d’annonce. Dans une salle mise spécialement à disposition pour elles par l’hôpital, elles sont une dizaine à être reçues par trois bénévoles. Pendant 2h, guidées par une esthéticienne et une maquilleuse, elles vont réapprendre des gestes oubliés, voire méconnus, pour prendre soin de leur peau fragilisée et retrouver bonne mine grâce au maquillage. A la fin de l’atelier, elles repartent avec une trousse de produits de soins et de maquillage offerts par de grandes marques de cosmétiques et adaptés à chacune, pour qu’elles continuent chaque matin à se faire belles pour se sentir bien.
Quelles sont leurs réactions ?
Au départ, elles peuvent être réticentes, se demandant pourquoi elles sont venues. Au fur et à mesure cependant, les masques tombent et la timidité cède la place à la complicité. Pour elles, l’atelier est l’occasion de voir qu’elles ne sont pas isolées. Elles parlent de leur maladie évidemment, échangent conseils et astuces, mais partagent aussi de grands fous rires. Celles qui n’osaient plus se regarder dans la glace redécouvrent leur image et partent de là rassérénées.
La démarche peut être difficile pour certaines patientes…
Qu’elles osent pousser la porte et prendre rendez-vous ! Se lever le matin, s’installer devant la glace et mettre de la crème : c’est un rituel qui aide à se sentir mieux même quand on n’est pas malade. L’atelier est là pour leur offrir une aide réelle et concrète pour retrouver le goût de prendre soin d’elles et continuer à s’apprécier dans la maladie.
Source : interview téléphonique
