Cancer : et si mon passé éclairait mon présent ?

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Cancer : et si mon passé éclairait mon présent ?

Rima n’a pas eu une enfance facile. Aînée d’une famille de six enfants, elle a été beaucoup sollicitée par sa mère pour l’aider à s’occuper de ses frères et sœurs, dans un contexte où le père était soit absent, soit violent.

A l’âge de 35 ans, Rima a découvert qu’elle avait un cancer du sein.

J’avais senti une petite boule, et j’ai fait une mammographie. Je n’étais pas spécialement inquiète mais mon mari m’y a beaucoup encouragée,

témoigne-t-elle. L’annonce de la maladie lui est tombée dessus tel un orage. N’ayant jamais eu l’occasion de s’intéresser au cancer, Rima lit sur internet tout ce qu’elle voit passer, « du bon et du moins bon ». Comme tous les patients, elle cherche à comprendre pourquoi tout cela lui arrive.

J’avais une intuition très forte : celle que mon corps m’envoyait des messages. Essayait de me dire quelque chose. Les derniers mois de ma vie avaient pourtant été apaisés. Je devrais plutôt dire : enfin apaisés,

raconte-t-elle.Mariée depuis deux ans, maman depuis un an, Rima le dit elle même : « jamais sa vie n’a été aussi heureuse ». Après une enfance et une adolescence pénibles sur lesquelles elle préfère ne pas s’apesantir, la jeune femme quitte le petit appartement dans lequel elle n’a jamais vraiment eu sa place. Enchaînant petits boulots sur petits boulots, elle parvient à s’émanciper financièrement. Et même à reprendre des études.

Quand j’ai appris que j’étais concernée par le cancer, j’ai fait des recherches pour comprendre l’impact des déséquilibres vécus au cours de l’enfance, cette période si particulière où le petit humain se construit,

explique-t-elle. Au fil de ses pérégrinations sur le web, elle découvre des articles qui laissent penser qu’il y aurait potentiellement un lien. Rien n’est certain, ni avéré, mais des recherches du National Child Development Study ou de l’Université de Londres laissent entendre par exemple que des enfants dont les parents sont divorcés sont davantage susceptibles que d’autres de développer des inflammations par la suite.

Bien évidemment, rien n’est jamais binaire. On peut avoir un cancer bien qu’ayant eu une enfance particulièrement épanouie. Et inversement. Ce qui a mis la puce à l’oreille de Rima, c’est son besoin irrépressible de se plonger dans les livres qui avaient bercé son enfance.

J’avais envie de me reconnecter aux Tintin, aux J’aime lire et même à Tistou les pouces verts. Nous n’avions pas beaucoup d’ouvrages chez nous, mais je les avais découvert à l’école ou à la bibliothèque. Je me suis dit que si ces livres me faisaient du bien, si je ressentais cette envie de revivre ces moments un peu régressifs, c’est que j’avais encore des choses à régler avec mon passé. Que peut être ce passé ne passait pas.

Rima entreprend en ce moment un travail avec un psychologue pour approfondir ses questionnements. Le simple fait de pouvoir mettre des mots sur ses maux est une source de réconfort même si la confrontation avec ces « nœuds » n’est pas toujours chose aisée !