Sandrine Kamoun-Zana exerce en tant que chirurgienne de l’obésité. Elle reçoit beaucoup de patients en détresse, et constate avec regret à quel point les personnes en surpoids restent stigmatisées.
L’indice de masse corporelle doit être supérieur à 40, ou bien entre 35 et 40 s’il existe des comorbidités associées, de type diabète ou hypertension par exemple. L’intervention est prise en charge par la sécurité sociale, car au delà d’un certain degré d’obésité, on vise à agir sur d’autres pathologies, tels que les maladies cardiovasculaires, l’apparition de certains cancers, l’arthrose du genou….
Il faut toujours évaluer le rapport bénéfice / risques. Si un patient présente des problèmes cardiaques ou pulmonaires trop évolués mieux vaut ne pas l’opérer par exemple. Le taux de complications post-opératoires a cependant été beaucoup diminué ces dernières années, grâce à l’amélioration du matériel chirurgical utilisé et à l’expertise des équipes.
75% des personnes qui se font opérer sont des femmes, alors que l’obésité touche autant les hommes que les femmes. Bien sûr, elles le font pour des raisons esthétiques, mais aussi parce que de manière générale, elles font plus attention à leur santé que les hommes. Les patients opérés ont en général entre 18 et 65 ans. À vrai dire, il n’y a pas de limite d’âge, mais à partir de 65 ans, on est très vigilants sur les indications en raison d’un risque de perte musculaire et de perte osseuse. Les interventions chez les adolescents sont rares et réservées à certains centres hyperspécialisés.
En effet, on distingue l’anneau gastrique, qui se pratique beaucoup moins qu’à une certaine époque, car les résultats sur le long terme s’avèrent médiocres. En parallèle, la technique du by pass gastrique repose sur la réduction de la taille de l’estomac et la diminution de l’assimilation des aliments par l’organisme en raison d’un court-circuit d’une partie de l’intestin. Enfin, la sleeve gastrectomie, qui est actuellement l’intervention la plus pratiquée, consiste à retirer les deux tiers gauches de l’estomac.
Oui, mais bien sûr, cela suppose tout de même de faire attention et d’avoir une bonne hygiène de vie. Les reprises de poids sont toujours possibles, en cas de choc psychologique par exemple, ou de dérèglements hormonaux.
Les attentes bougent assez peu, mais ce qui n’évolue hélas vraiment pas, c’est la représentation sociale de l’obésité. Notre société stigmatise beaucoup les personnes en surpoids. Même au sein des équipes soignantes, on entend encore des choses qu’on ne devrait pas entendre. À tel point que certaines de mes patientes sont même prêtes à grossir pour franchir le seuil qui leur permettra d’être opérées ! Evidemment, je le leur déconseille. La psychologie prend une place importante dans mes consultations. Je leur apprends aussi à se méfier des régimes trop restrictifs, car l’organisme s’habitue vite à la privation.
… Oui. On recommande, et parfois on exige, un suivi, à la fois avant et après l’opération. En effet, même si la perte de poids est souhaitée, cela peut déstabiliser car il en résulte un changement d’image corporelle qui peut parfois être mal vécu et avoir des répercussions, notamment au sein du couple. C’est le même principe qu’après un accouchement : même si l’enfant était désiré, il peut y avoir une dépression post partum… Les choses se passent beaucoup mieux quand les personnes sont préparées et bien entourées. D’ailleurs, la prise en charge est de plus en plus pluridisciplinaire et fait intervenir chirurgiens, médecins nutritionnistes, psychologues, diététiciens, kinésithérapeutes. Il est important de faire comprendre au patient qu’il souffre d’une maladie chronique qui nécessite un suivi à vie.
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