Ecrire, dessiner et partager : une véritable thérapie !

Cancers
Ecrire, dessiner et partager : une véritable thérapie !

Dans la vie de Séverine, tout allait plutôt bien côté santé, jusqu’à ce qu’un jour de fin octobre 2016, en s’auto-palpant, elle se découvre une grosseur au sein. S’en est suivi un parcours de soin formidablement raconté sur son blog. Son témoignage est une invitation à extérioriser ses émotions.

Une mammographie et quelques examens après la découverte de cette “boule”, le diagnostic tombe : il s’agit d’un cancer du sein. La jeune femme de 40 ans bascule alors dans l’inconnu, et commence un journal de bord pour raconter ce qu’elle vit. Séverine écrit un peu tous les jours quand elle en ressent le besoin et fait des dessins. Au départ, c’était essentiellement pour elle.

Le déclic s’est fait quand j’ai appris mon cancer. Je me suis dit, voilà j’ai un cancer du sein, je n’ai pas de chance, cela me tombe dessus mais je ne vais pas me laisser faire, je vais en faire quelque chose,

raconte-t-elle. Ses enfants, alors adolescents, lui suggèrent d’en faire un blog. Le titre est vite trouvé, ce sera « mon nibard vs Crabevador ». Tout est dit dans ces quatre mots. Séverine raconte ses aventures et les relaie sur Facebook.

Dans son blog, elle ne se contente pas d’écrire des articles et de partager des informations par rapport au cancer, elle publie aussi des photos et raconte son parcours de soins sous forme de vidéos humoristiques.

L’humour et la dérision sont ma ligne de conduite. C’est une façon de se moquer du cancer, de prendre le dessus, de lui faire un pied de nez.

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Faire sortir ce que nous avons à l’intérieur

La jeune femme revient en effet au fil des pages du blog sur sa maladie, ses six mois de chimiothérapie qu’elle commence le 6 décembre 2016, puis l’intervention chirurgicale fin mai 2017. « C’était pour moi un moyen d’extérioriser tout ce vécu, de mieux appréhender les traitements et ce que l’on subit ». Une manière d’être également actrice de sa vie :

je me suis dit, il faut que je trouve quelque chose qui m’aide à avancer pendant ces mois pour essayer de vivre cela comme une aventure.

Maintenant, Séverine commence la radiothérapie et pendant 5 ans, suivra un traitement d’hormonothérapie. Ecrire et dessiner lui permet clairement de se soulager. Comme elle le dit très bien

« de poser des mots sur ce que l’on ressent. Cela me fait du bien et permet de passer à autre chose […] oui, ce n’est pas facile tous les jours mais il ne faut pas se laisser aller ».

Ce qui l’a beaucoup aidé aussi : le soutien de ses enfants et de son mari. Après un divorce, Séverine est en effet de nouveau en couple et très heureuse.

J’aimerai souligner l’importance du soutien familial, amical et conjugal dans la maladie. J’ai la chance d’avoir un conjoint merveilleux qui me soutient à tous les niveaux.

Des retours positifs de malades

J’ai plutôt de bons retours d’autres personnes qui sont en soins, qui me disent que cela leur fait du bien. Elles voient que je suis combative et cela leur donne la pêche, se réjouit Séverine. J’ai des commentaires et des messages en privé, ce sont des retours positifs de personnes dans le combat contre la maladie et qui me remercient […] cela donne confiance en soi et cela me fait très plaisir car je me bats et je ne le fais pas pour rien.

Son objectif était précisément d’aider d’autres patientes, mais aussi de « bousculer » la société par rapport à son regard sur la maladie. « C’est aussi l’occasion d’aider les proches, souvent très loin d’imaginer ce que l’on vit, à mieux comprendre les impacts de la maladie sur notre quotidien », ajoute-t-elle.

Des projets, Séverine en a plusieurs. D’abord, pour octobre rose, elle souhaite mettre en place une action avec des personnes avec lesquelles elle est en contact pour sensibiliser à l’auto-palpation :

moi, si je n’avais pas senti cette boule, j’aurais attendu mon rendez-vous annuel chez ma gynécologue et le cancer aurait peut-être été plus grave, cela aurait peut-être été plus difficile de le soigner.

Ensuite, elle aimerait faire publier son journal de bord quand elle en aura fini avec le cancer. En attendant, forte de sa propre expérience, elle suggère aux personnes qui en ressentent le besoin ou l’envie de saisir leur plume ou leur clavier, quelle que soit leur pathologie ou leur âge. Ou de se lancer dans une activité de leur choix :

cela peut être l’écriture, le dessin, la poterie mais une chose dans laquelle ils se sentent à l’aise, pour faire passer toutes leurs émotions. L’important est de faire sortir ce que nous avons à l’intérieur.

A bon entendeur…

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