« La maladie m’a ouvert les yeux »

« La maladie m’a ouvert les yeux »

Vanessa, mère de trois enfants, a été frappée par le cancer à l’âge de 40 ans. Désormais guérie, elle en a tiré un certain nombre de leçons.

Il y a encore quelques années, elle ne rentrait pas chez elle avant 20h30. Parfois 20h dans les bons jours. Ses enfants, elle les voyait 5 minutes, pour leur faire un baiser avant qu’ils ne s’endorment. Une nounou veillait sur eux tandis qu’elle vivait une carrière de directrice commerciale dans un grand groupe.

Les soirs où j’étais en déplacement, ils étaient expédiés chez ma mère, qui gérait les accompagnements à l’école, les devoirs… »

témoigne-t-elle. Jusqu’au jour où Vanessa (un nom d’emprunt pour l’article) a du lever le pied. Rattrapée par un cancer du sein, elle a basculé presque du jour au lendemain dans le monde des hôpitaux et des chimio. « J’ai travaillé le plus longtemps possible, jusqu’à ce que mon corps me lâche. Je lui en ai beaucoup voulu, mais pour une fois, je n’avais plus le contrôle », avoue-t-elle avec humilité.

Un trou noir salutaire

Pendant de longs mois, elle a été confrontée à un vide qu’elle décrit comme « abyssal ». Un trou noir. Plus d’appels, plus de mails, plus de réunions… cette “workoolic”, comme elle s’auto-désigne, a eu le sentiment de ne plus servir à grand chose. Une traversée du désert qu’elle a d’autant plus mal vécu que sa fatigue ne lui permettait même pas, en compensation, de prendre soin de ses enfants comme elle aurait aimé le faire. A défaut de s’agiter, elle a réfléchi. Beaucoup. Après avoir frôlé la mort, elle a choisi de se consacrer à vivre. Et d’accorder du temps à sa progéniture.

Je pensais que ma vie était exemplaire. J’avais trois beaux enfants. Une vie professionnelle intense. Mais je passais en réalité à côté de tout. La maladie m’a ouvert les yeux, et m’a permis de me recentrer »,

confie-t-elle. Si ses deux aînés sont assez autonomes, le petit dernier a besoin de beaucoup de soutien. « Je n’avais même pas remarqué qu’il avait maigri. Il ne mangeait rien à la cantine. A présent, je vais le chercher tous les jours. J’ai le sentiment qu’il va mieux », se félicite-t-elle.

Aucun regrets

Oui bien sûr, elle a mis un peu de temps à se faire à ce statut de mère au foyer, elle qui avait tant voulu se démarquer de sa mère qui avait sacrifié sa carrière pour élever ses enfants. Oui bien sûr, elle a eu des doutes et s’est demandé si elle avait fait le bon choix. Oui, bien sûr, elle peut se permettre d’avoir laissé tomber son activité car son mari gagne convenablement sa vie et qu’ils avaient déjà remboursé le crédit de leur appartement. Oui, bien sûr, elle est consciente que tout le monde ne peux pas se le permettre. Oui, bien sûr, certaines patientes restent chez elles, non pas parce qu’elles le souhaitent, mais parce que leur état ne leur en laisse pas le choix. Vanessa, elle, a opté pour cette nouvelle vie, délibérément, en son âme et conscience. Reprendra-t-elle une activité professionnelle un jour ? A cette question, Vanessa répond avec un sourire : « peut être. Mais pour le moment, je ne regrette rien ! »