La reconstruction, un chantier permanent

Cancers
La reconstruction, un chantier permanent

Laurent. C’est le titre  que Valérie Fignon a donné à son livre, dédié à celui qu’elle a aimé et que le cancer a emporté.

Laurent Fignon était un coureur cycliste. Le livre a germé longtemps dans l’esprit de son épouse. Quand il est parti, ce fut pour elle un exutoire d’autant qu’elle n’avait jamais été confrontée à la maladie. « C’est le livre que Laurent voulait écrire sur sa maladie, c’était l’astuce qu’il avait trouvée pour se battre. Il voulait faire profiter les gens de son expérience. Il s’est battu toute sa vie comme champion, et il s’est battu face à la maladie », raconte-t-elle. Elle a été encouragée dans sa démarche par le Docteur Cymes, lequel a rédigé un chapitre intéressant sur le rapport patient-médecin, et la manière d’annoncer la maladie. Car comme en témoigne Valérie Fignon, il y a « un manque d’humanité dans le monde médical et de considération du patient ». Les médecins ne savaient plus quoi dire, alors même que certains savaient que c’était sans issue.

« On a plus de chance de s’en tirer quand on connaît son ennemi. Il n’y a pas eu pendant plusieurs mois effectivement, de nom sur le cancer de Laurent. On a pensé au pancréas, on avait des métastases, mais on ne trouvait pas le primitif. On faisait de la chimio sans cibler, en espérant tuer les mauvaises cellules, mais on tuait aussi les bonnes. On a fait beaucoup de chimio pour rien. Et puis le cancer du poumon est sorti, mais il ne fumait pas », poursuit-elle.

Dans ce livre, elle raconte aussi avec émotion l’escapade américaine organisée par les amis de son mari, dans l’espoir d’un traitement miracle. Valérie Fignon raconte que le livre du Docteur Fauré lui a fait beaucoup de bien : « Il est spécialiste en accompagnement de fin de vie, et de deuil. Ensuite je l’ai rencontré et il m’a sauvé la vie. Il m’a expliqué clairement ce qui allait m’arriver. Chez lui j’ai renoué avec la vérité qui m’a évitée, pendant les quinze mois passés d’hôpitaux en hôpitaux et de spécialistes en spécialistes. Il m’a dit que la deuxième année de deuil était plus difficile que la première, qu’il fallait céder à la colère, et que je ne serais pas à l’abri d’une rechute. La reconstruction est un chantier permanent ».