Pendant de longs mois, Alice s’est occupée de sa sœur Liliane, atteinte d’une leucémie. Après avoir été longtemps fâchées, la maladie les a rapprochées.
« Quand j’ai appris que Liliane, ma petite sœur, souffrait d’un cancer, je n’ai pas été particulièrement surprise. Notre propre mère avait elle aussi été atteinte par ce terrible cancer », raconte Alice. Une mère qui avait souvent favorisé la cadette par rapport à l’aînée. « Ces injustices ont un peu semé le trouble entre nous. Et puis j’étais mariée, avec des enfants. Pas ma sœur. J’avais l’impression, peut être infondée, qu’une forme de jalousie nous séparait », raconte Alice avec des trémolos dans la voix.
J’ai été accablée par la nouvelle »
Elle se souvient néanmoins avoir été immensément attristée lorsqu’elle a appris la nouvelle, après cet appel de Liliane. Tout est encore gravé dans son esprit : leur entrevue à une terrasse de café et la façon dont elle lui avait annoncé la nouvelle, des larmes pleins les yeux. « Elle ne comprenait pas pourquoi cela lui tombait dessus. Et cherchait des explications dans tout. Etait-ce l’anneau qu’elle s’était fait posé qui avait perturbé son métabolisme? Avait-elle fait quelque chose de mal ?». Entre les explications rationnelles et métaphysiques, Liliane cherchait désespérément à mettre des mots sur ses maux pour comprendre, cédant à la tentation de tout maîtriser.
Ne la laisse pas tomber »
Alice a aussitôt oublié les tensions, les conflits et les malentendus. Il n’y avait plus de place pour toutes ces « petites choses ». Il fallait avancer, trouver des solutions, tenter de la guérir, en dépit des désaccords passés. « Elle n’avait que moi. Pas de famille pour s’occuper d’elle. Il m’a semblé entendre la voix de ma mère. Elle me disait de ne pas la laisse pas seule. De ne pas la laisser tomber », explique Alice. Rapidement, l’état de santé de Liliane s’est détérioré. « Entre deux séjours à l’hôpital, ou en maison de convalescence, elle se retrouvait seule chez elle. Alors je lui ai proposé de venir habiter chez nous », précise Alice. Mais il a fallu convaincre son mari, échaudé par des décennies de fâcheries et de réflexions parfois déplacées : « il n’a pas fait preuve de la même empathie que moi, mais je ne peux pas lui en vouloir, d’autant qu’il a quand même fini par accepter».
Réconciliées pour l’éternité
« Je ne crois pas avoir agi uniquement par devoir, mais aussi par amour », conclut Alice. Convaincue de l’importance du moral sur la guérison, ou en tout cas sur l’envie de guérir, elle n’a pas envisagé une seconde d’agir autrement. Aussi abominable soit elle, cette épreuve a au moins eu ce mérite de rapprocher ces deux soeurs!