Tenir un journal intime pendant sa maladie, et même après, est souvent une façon de prendre le dessus. Certains patients témoignent.

“Quand j’ai appris pour mon cancer du sein, ça a été l’electrochoc. On a toujours tendance à penser que ça n’arrive qu’aux autres”, raconte Amélie. Immédiatement, elle a ressenti le besoin de jeter ses émotions sur le papier.

“J’avais envie de hurler en permanence. Et le sentiment de ne pas être bien comprise par mon entourage, surtout quand j’ai commencé mes traitements. Mon journal, dans une certaine mesure, savait ce que je voulais dire”, explique-t-elle.

Elle confesse n’avoir pas eu envie de “saoûler” ses proches, et à ce titre, écrire lui a été utile.

Stéphanie aussi a su trouver du réconfort dans l’écriture.

“Ce sont des moments où l’on se sent assez seules. J’avais envie d’écrire mon ressenti sur la maladie, mais aussi de réfléchir à ce que cela allait changer dans ma vie. Au nouveau regard que j’allais porter sur le monde”, précise-t-elle.

Cette envie de philosopher est assez récurrente chez les personnes concernées par la maladie.

Vincent reconnaît toutefois avoir eu du mal à franchir le cap. En ce qui le concerne, c’est son psychologue qui lui a recommandé.

“J’avais le sentiment que c’était un truc de filles. On est pétris de la culture Bridget Jones. En fait, cela m’a fait un bien fou, même si je n’ai pas du tout envie de publier ce que j’ai couché sur le papier”, raconte-t-il.

Certaines personnes passent pourtant à l’acte, comme Marie-Charlotte Carles, auteur de Mon passager clandestin – Journal intime du cancer du sein. Que l’on décide ou pas de rendre public son récit, l’écriture a des effets bénéfiques sur la santé physique et mentale. D’abord parce qu’il s’agit d’une activité créatrice, qui stimule le cerveau. Mais aussi parce que le fait de déverser ses émotions abaisse la tension artérielle, stimule le système immunitaire et atténue les symptômes de l’asthme et de l’arthrite.

Un article publié en juin 2008 dans le Journal of Pain and Symptom Management révèle que des patients atteints d’un cancer ayant fait l’expérience de passer 20 minutes par semaine à décrire par écrit les effets de leur maladie sur leur vie ont moins souffert et éprouvé davantage de sérénité pendant cette période. Si le silence est souffrance, l’aveu des émotions apaise. Mais ces confessions n’ont pas nécessairement à être rendues publiques !

L’acte d’écrire peut changer la façon dont nous percevons notre existence. Surtout si l’on est capable de prendre de la distance. James Pennebaker, directeur du département de psychologie à l’Université du Texas à Austin, étudie actuellement les effets du changement de perspective induit par le passage de la première à la troisième personne (dire “il” ou “elle” au lieu de “je”). Selon lui, l’égocentrisme de la première personne peut nuire à la compréhension des événements alors qu’en les relatant du point de vue d’un tiers, on a plus de chances d’y trouver un sens.

 

Bloguer sur la santé

Et bien sûr, à défaut de publier un livre, rien ne vous empêche de partir sur des formats plus courts, notamment à travers un blog, comme le font beaucoup de patients. Plusieurs blogueuses ou blogueurs témoignent de ce que cela leur apporte, notamment pour structurer leurs idées et partager leurs expériences. Il arrive même que cet attachement à sa communauté devienne essentiel à la vie du patient!

A noter, les changements observés ne sont pas nécessairement immédiats, mais peuvent s’observer sur plusieurs semaines. Alors à vous de jouer si vous en avez envie !

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