Quand on est malade, on a rarement envie de rire. Encore moins de jouer la comédie. Et pourtant, le théâtre est une excellente thérapie ! Et il n’y a pas que pour les patients que le jeu a du sens…
Une thérapie contre la maladie
Certains patients qui se sont prêtés à l’exercice reconnaissent les vertus thérapeutiques de la scène.
Cela m’a aidé d’interpréter un rôle. C’était pour moi l’occasion de sortir de ma propre réalité, pour le moins peu reluisante,
raconte Geneviève, qui n’avait jamais auparavant envisagé de monter sur les planches. Inscrite dans le même atelier, Nadine, elle, avait fait partie d’un cours d’impro dans sa jeunesse. Elle a beaucoup apprécié le fait de retrouver le plaisir du jeu.
Certes, il faut se forcer un peu au début, mais le côté très ludique permet de se dérider un peu, même si c’est éphémère,
précise-t-elle. Mais où trouver des cours adaptés ? Ces derniers peuvent avoir lieu dans le cadre de l’hôpital, mais c’est très rare.
Du théâtre à la Pitié Salpétriêre
A la Pitié Salpétriêre, des projets de création théatrâle ont par le passé été proposés aux patients diabétiques pour les aider à parler de leurs vécus. L’objectif : leur permettre d’exprimer leur ressenti grâce au travail du metteur en scène Marcos Malavia. Ce dernier a vu des centaines de patients.
Dans un certain nombre de cas, j’ai constaté que cela les a beaucoup aidés dans l’acceptation de la maladie. Et, à partir de là, dans l’acceptation du traitement lui-même. Cela les amène à regarder les choses avec un peu plus de sérénité,
témoigne-t-il. Sachez que beaucoup de communes recensent les associations de la ville, et que c’est un bon moyen d’identifier des ateliers de théâtre, à des prix relativement raisonnables. A noter, le jeu peut aussi avoir des vertus thérapeutiques pour les aidants. Colette Roumanoff, directrice d’une compagnie théâtrale, a créé une pièce baptisée « La confusionite », un spectacle qui parle de la maladie d’Alzheimer avec humour et humanité. Celle qui accompagne son mari atteint de la maladie d’Alzheimer propose des ateliers pour éviter le stress et développer à travers la médiation de l’expression artistique.
Accompagner les médecins
Enfin, plus surprenant : le théâtre peut aussi aider à former les futurs médecins à la relation avec le patient. A la faculté Pierre-et-Marie-Curie à Paris une nouvelle option a été inaugurée il y a quelques mois : «médecine, théâtre et vidéos». Les étudiants s’entraînent, par exemple, à annoncer à un patient qu’il est atteint de diabète. Ou encore mettent en scène le refus de soins d’une femme atteinte d’un cancer du sein.
L’ambition de ce séminaire est de former les futurs médecins à la relation avec le patient. Transformés en cinéastes pour l’occasion, ils imaginent, écrivent, jouent puis réalisent des films mettant en scène des situations médicales particulières. Peu de temps auparavant, un master d’art-thérapie a vu le jour à l’Université Paris Sorbonne.
La dramathérapie est plus que jamais d’actualité. Une association dédiée à cette pratique : l’association nationale de dramathérapie a d’ailleurs vu le jour. Cette discipline propose l’usage intentionnel de l’art dramatique et du théâtre comme processus thérapeutique afin de libérer les symptômes émotionnels et physiques avec pour objectif un plus grand bien-être personnel. Vaste et beau programme !