Paulo, Crabevador, Crabus : ces femmes ont choisi de mettre un nom sur leur maladie. Pour mieux l’identifier. Et donc mieux la combattre.
Mumu (en photo ci-dessus) est à l’origine du blog « Mon Crabe Paulo ». Cette jeune femme dynamique poste régulièrement des billets plein d’humour.
Pour moi et mon chéri, le mot cancer ou tumeur signifiait la mort la maladie le chagrin alors que nous voulions et aimions la VIE…c’était plus simple de parler de Paulo comme un vilain crabe qu’il fallait tuer. Lors des chimio il se prenait un raz de marée et ça me faisait plaisir de le voir couler, se noyer,
raconte-t-elle. Le fait de personnifier la maladie lui a permis d’apporter de la légèreté.
Paulo est arrivé dans ma vie fin octobre 2015. Il est mort presque immédiatement deux mois plus tard lors de son extraction… Après au cas où il aurait décidé de faire des petits, on lui a fait 6 raz de marée (Chimio) et 28 grillades (radiothérapie) ça n’a pas été facile. L’envie de vivre a eu raison de notre cohabitation donc Tchao Paulo et à jamais,
raconte-t-elle avec un détachement qui force l’admiration. Elle recommande de faire participer ses proches à l’élaboration du surnom du cancer, comme elle l’a fait de son côté.
Le mot « cancer » est assez terrifiant
Natacha Espié, psychologue-psychanalyste et présidente de l’association Europa Donna, reconnaît volontiers que le mot « cancer » est assez terrifiant. Pour elle, le fait de lui donner un nom est une manière de se l’approprier.
Donner un nom à son cancer, le personnifier ou même le matérialiser cela le rend moins angoissant, c’est une façon de démystifier les choses. D’un certain point de vue c’est comme si l’on nommait l’ennemi,
explique-t-elle. A ses yeux, cela peut permettre d’éviter de céder à la panique, de se réapproprier son expérience. Mais certaines femmes préfèrent, au contraire, y penser le moins possible.
Chacune doit gérer ça à sa manière, et on n’est certainement pas obligé de lui donner un nom ou de le matérialiser. Extérioriser c’est bien, mais il ne faut pas culpabiliser sur le fait de ne pas pouvoir le faire,
estime cette psychologue.
Il n’y a pas que le cancer qui bénéficie d’un surnom. Marine surmonte sa sclérose en plaques grâce à un moral d’acier et au surnom qu’elle lui a donné : “rosy”, comme elle l’a raconté dans son témoignage Atteinte d’une sclérose en plaques, elle voyage en quête de sens et de partage. Pour elle, comme pour beaucoup d’autres, personnifier sa maladie est une façon de prendre un peu de hauteur et de mettre ses propres mots sur ses maux.