Une fois sur deux l’infarctus du myocarde inaugural est mortel. Et si des progrès ont été réalisés dans la prise en charge du patient à l’hôpital, la rapidité d’intervention et la mortalité dans les premières heures n’ont pas été modifiées par les progrès récents. D’où l’intérêt fondamental du dépistage précoce et de la prévention. 7 recommandations du Dr Yves Elbèze, cardiologue, directeur de l’Institut Cœur Paris Centre.
Dr Yves Elbèze
1-Comprendre la maladie
Il est fréquent qu’une maladie cardiovasculaire ne donne aucun symptôme jusqu’à ce que survienne brutalement un infarctus ou un AVC. C’est pourquoi il est essentiel de se tenir informé sur les signes associés à ces maladies, tout particulièrement à partir d’un certain âge (40 ans pour les hommes, 50 pour les femmes) ou si l’on fait partie d’une population à risque. Ainsi, une douleur ou une gêne thoracique ou au niveau des bras, de la mâchoire ou du dos peut évoquer un infarctus du myocarde, une sensation de faiblesse soudaine au niveau de la face, du bras ou de la jambe, notamment sur un seul côté du corps peut faire penser à un AVC. Les personnes présentant ces symptômes doivent consulter immédiatement.
2-Réduire les facteurs de risque
Il est, certes, des facteurs de risques sur lesquels on ne peut pas agir : le fait d’être un homme ou une femme ménopausée, le temps qui passe et l’hérédité. Mais il en est de très nombreux que l’on a les moyens de contrôler efficacement : le tabagisme, le diabète, l’hypertension artérielle, les troubles lipidiques (cholestérol etc…), l’obésité, la sédentarité, le stress, l’alcoolisme. Sachant que ces facteurs ne s’additionnent pas, ils se potentialisent, c’est-à-dire qu’ils s’aggravent l’un l’autre. Ainsi, l’association de plusieurs facteurs de risque, même de faible intensité, peut entraîner un risque très élevé d’être atteint d’une maladie cardiovasculaire.
3-Prendre en compte les spécificités des femmes
Les maladies du cœur représentent la principale cause de décès chez les femmes de plus de 55 ans car après la ménopause, les femmes n’ont plus la même protection hormonale. Ces maladies sont d’autant plus sournoises que les femmes éprouvent souvent des symptômes atypiques lors d’une crise cardiaque, comme une fatigue inhabituelle, une douleur entre les omoplates, une sensation soudaine de ralentissement ou de faiblesse. Le danger tient à la méconnaissance de ces symptômes et au fait que la protection hormonale naturelle des femmes, disparaît après la ménopause !
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4-Surveiller son alimentation
Faire 3 repas par jour, boire suffisamment d’eau, avoir l’œil sur les mauvaises graisses, faire la chasse aux aliments trop sucrés, limiter sa consommation d’alcool à 2 verres de vin chaque jour, consommer du poisson au moins 3 fois par semaine, consommer des aliments riches en fibres et limiter sa consommation de sel : telles sont les recommandations de base. Elles sont complétées par d’autres principes nutritionnels en cas d’anomalie métabolique (excès de cholestérol, de triglycérides, d’acide urique, diabète, surcharge pondérale) ou cardiovasculaire comme une hypertension artérielle. Dans ce cas, un régime personnalisé peut être proposé.
5-Faire de l’exercice
L’exercice physique peut être la meilleure des choses pour le cœur. Pratiqué dans une bonne mesure et dans de bonnes conditions, il a des effets bénéfiques sur l’appareil cardiovasculaire en faisant baisser la tension artérielle et le taux de « mauvais cholestérol ». Il fait grimper, à l’inverse, le taux de « bon cholestérol » et entraîne une meilleure assimilation du sucre par les cellules. Tous ces changements ont un effet notable sur la réduction des AVC ou des infarctus du myocarde.
6-Choisir des sports et activités adaptés
Le programme idéal comporte essentiellement des exercices physiques d’endurance comme le vélo ou tout autre type de sport d’endurance (jogging, cyclisme, natation…). Je recommande trois séances hebdomadaires de 40 minutes mais on peut également conseiller la marche à une bonne cadence à raison d’au moins trente minutes par jour.
Mais attention le sport peut être aussi la pire des choses pour le cœur. En effet, il peut révéler une maladie cardiaque sous-jacente et il est recommandé de faire un bilan cardiaque notamment lorsqu’on reprend une activité physique après 50 ans.
7-Vivre pleinement avec les limites de sa maladie
Bien des maladies cardiaques traitées, même avec une intervention chirurgicale, permettent d’avoir une vie quasiment normale. Il faut savoir que régulièrement des personnes qui ont subi une greffe du cœur pratiquent des sports d’endurance pouvant aller jusqu’à courir le marathon.
Cependant, si l’on se trouve dans un état d’insuffisance cardiaque, il est essentiel alors d’être très vigilants sur le mode de vie, l’alimentation, l’exercice physique et, comme pour tous, le respect du traitement.