Retravailler après un cancer

Retravailler après un cancer

L’expérience du cancer peut engendrer des changements radicaux dans la vie personnelle et professionnelle des patients. C’est le cas de ces trois femmes qui ont utilisé cette épreuve comme un véritable challenge vers de nouveaux défis.

Pascale Breton travaillait dans une grande société financière américaine où elle gérait des équipes et des clients à l’international. Quand elle a appris son cancer, sa première inquiétude était l’annonce à sa famille mais aussi au travail. « Je m’inquiétais de ce qu’allaient devenir mes équipes et mes clients. Si mon patron a été très compréhensif et m’a encouragée à m’arrêter, la reprise a été très dure. Avec un trou dans la jambe, je ne pouvais plus voyager, marcher comme avant. J’ai fait un burn-out. Je me suis dit que c’était le moment de changer de vie », explique-t-elle. Pascale a repris les études pour devenir coach professionnelle et son activité est désormais centrée sur l’accompagnement des anciens malades du cancer dans leur retour au travail. « Aujourd’hui, je fais quelque chose qui me tient à cœur et qui ménage mon équilibre familial. Je gagne moins bien ma vie qu’avant – et je suis consciente que ce n’est pas possible pour tout le monde – mais cela me semble dérisoire par rapport à ce que j’y gagne en épanouissement personnel », précise Pascale. Cette dernière souhaite que les besoins des personnes retournant au travail après une maladie grave soient pris en compte.

Quant à Cécile Pasquinelli, après une école de commerce et un travail dans un grand groupe du domaine financier, elle a créé sa ligne de maillots de bain destinés aux femmes ayant eu un cancer du sein. Cette envie s’est déclenchée après qu’elle ait été elle même touchée par cette maladie. « Mon arrêt maladie m’a donné le temps de mûrir l’idée et j’ai profité d’un plan social dans mon entreprise pour la quitter. Aujourd’hui, la marque Garance en est à sa 3e collection. Cela a été un énorme travail, je suis entrée dans un domaine où je ne connaissais rien, je ne savais pas qu’il fallait une styliste, une modéliste », raconte Cécile. Elle a beaucoup appris et considère que son travail a du sens car elle vient en aide aux femmes. Sa collection de maillots permet aux femmes de se regarder dans le miroir, de se baigner et d’être en contact avec le monde extérieur. La marque de Cécile intitulée Garance est distribuée dans des magasins de dispositifs médicaux et débarque ce mois-ci aux Galeries Lafayette-Haussmann jusqu’à la fin de l’été. Son objectif est d’étendre son réseau de distribution aux boutiques dites classiques.

Catherine Cerisey travaillait dans l’étude d’un commissaire-priseur dans un hôtel des ventes lorsqu’elle a été licenciée après son premier cancer, au moment de sa rechute deux ans plus tard. « J’ai aussi fait une grosse dépression. Je ne pourrais pas reprendre mon travail d’avant, je n’en vois plus l’intérêt. Un hôtel des ventes, c’est beaucoup d’argent, ce n’est pas que de l’art, ce sont des gens qui vous reprochent d’avoir raté une commode par exemple, des gens qui vivent dans le stress de façon permanente », explique-t-elle. En effet, son travail de l’époque lui semble futile. Ainsi, Catherine a ouvert un blog pour aborder le cancer dans le but d’aider et informer les femmes. Quatorze ans plus tard, elle ne travaille plus mais se sens véritablement productive. Catherine est très engagée dans le combat contre le cancer. « Si un jour, je retravaille, ce sera dans le secteur social et toujours en lien avec le cancer » insiste-t-elle.