Les risques de cancer colorectal plus importants chez les apparentés au 1er degré

Les risques de cancer colorectal plus importants chez les apparentés au 1er degré

Nicolas Flori, gastro-entérologue au sein de l’Institut du Cancer de Montpellier analyse les facteurs de risque du cancer colorectal et la conduite à tenir en cas de proches liens de parenté.

Qu’entend-t-on par « apparenté au premier degré » ?

Si vous avez un père, une mère, un frère, une sœur ou un enfant concerné par un cancer colorectal, vous avez plus de probabilités qu’une autre personne d’être à votre tour concerné par cette maladie. On estime que le risque est deux fois plus important que celui du reste de la population. Et lorsqu’une personne a plusieurs parents au 1er degré atteints de CCR (cancer colorectal), le risque d’être soi-même concerné est multiplié par 4. Par ailleurs, les risques sont plus forts si le parent a été diagnostiqué avant l’âge de 45 ans que s’il l’a été entre 45 et 59 ans.

Comment l’expliquer ?

Contrairement au cancer du sein, il n’y a pas de gène du cancer colorectal, à moins que l’on n’ait pas encore tout découvert. En revanche, le mode de vie des personnes concernées est à peu près le même (en termes d’alimentation…) et donc elles ont été exposées aux mêmes facteurs. C’est l’une des raisons qui peut expliquer que les apparentés soient plus exposés, mais il y a encore beaucoup de zones d’ombres.

Vous évoquez des facteurs de risques comme l’alimentation. Y en a-t-il d’autres ?

L’alimentation est considérée comme l’un des principaux facteurs de risque, dès lors qu’elle est trop grasse. Il est recommandé de ne pas consommer trop de viandes rouges et de charcuteries. L’obésité et la sédentarité sont des facteurs de risque, tout comme le tabac et l’abus de boissons alcoolisées. Inversement, mieux vaut un régime sain et riche en fibres et un minimum d’activité physique.

 

Est ce que le fait d’être apparenté au premier degré à une personne concernée par un cancer colorectal suppose une surveillance particulière ?

Oui tout à fait. Les personnes à risque élevé ou très élevé doivent passer directement par la case « coloscopie » là où le reste de la population peut procéder à un test de recherche de sang occulte dans les selles, sans passer par un examen médical.

Quel est le profil de ces personnes à risque élevé ou très élevé ?

La Haute Autorité de Santé les décrit ainsi :

  • celles ayant un antécédent personnel d’adénome (polype non cancéreux) de diamètre supérieur à 10 mm ou ayant un contingent villeux ou d’exérèse de deux adénomes quels que soient leur taille ou leur caractère villeux
  • un antécédent personnel de cancer colorectal
  • un antécédent familial au 1er degré d’adénome de diamètre supérieur à 10 mm identifié chez le parent avant l’âge de 65 ans
  • un antécédent familial au 1er degré de cancer colorectal identifié chez le parent avant l’âge de 65 ans.

Cette mention pourrait être supprimée, sachant que dès l’automne, la coloscopie sera indiquée chez les apparentés au 1er degré de toutes les personnes ayant eu ce type de cancers (même s’ils l’ont eu après 65 ans).

  • deux ou plusieurs antécédents familiaux au 1er degré de cancer colorectal quel que soit l’âge de survenue chez le parent ;
  • une maladie inflammatoire chronique : rectocolite hémorragique ou maladie de Crohn (notamment en cas de pancolite : inflammation de la totalité du côlon).
  • Les personnes à risque très élevé de cancer colorectal sont celles avec des formes familiales liées à une prédisposition génétique, notamment un syndrome de Lynch ou une polypose adénomateuse familiale.

Est ce que les personnes apparentées au premier degré représentent la majeure partie de la population touchée par ce cancer ?

Non, cela représente 25% des cas, alors que le cancer colorectal sporadique représente quant à lui 70% des cas. Les 5% restants correspondent à des maladies génétiques.