Sida : encore trop de discriminations envers les séropositifs

VIH / Sida
Sida : encore trop de discriminations envers les séropositifs

L’association Aides vient de diffuser une enquête (pour la deuxième année consécutive) sur les discriminations dont font l’objet les personnes touchées par le VIH et/ou une hépatite. Il apparaît qu’elles sont deux fois plus discriminées et stigmatisées que les autres.

Cette enquête a été réalisée auprès de plus de 1000 personnes séropositives… 30% d’entre elles ont déclaré avoir subi des discriminations au cours de l’année écoulée. Il y a un décalage considérable entre les progrès thérapeutiques d’un côté, et perception sociale du VIH de l’autre.

Alors qu’en France les personnes sous traitement sont pour la plupart en bonne santé et non contaminantes, la société persiste à les considérer comme des bombes virales potentielles»,

estime Aurélien Beaucamp, président de Aides.

Refus d’un service, d’un droit, attitudes humiliantes, mise à l’écart, jugements moraux… les manifestations de ces discriminations sont diverses. Toutes les sphères sont concernées : vie intime, amicale, familiale et professionnelle. L’association Aides pointe du doigt des préjugés trop importants et une méconnaissance de la pathologie et de ses modes de transmission. Pourtant, 86 % des personnes sous traitement sont en charge virale indétectable et le risque de contamination est quasi nul, même en cas de relations non protégées ou de rupture de préservatif.

Je me souviens d’une amie que je séduisais depuis longtemps. C’était il y a deux ans. On était attiré l’un par l’autre, on s’était embrassé mais au moment de faire l’amour, il y avait eu une véritable gêne de sa part. Elle ne m’a rien dit mais j’ai tout de suite compris ce qui la bloquait»,

raconte Dominique. Même quand la relation se concrétise, une forme d’appréhension persiste.

Pire : un dentiste sur trois refuserait de soigner des séropositifs. Autrement dit, les discriminations sévissent jusque dans le monde médical! Il arrive ainsi que des médecins, infirmiers ou aides-soignants refusent de prendre en charge des patients séropositifs. En 2012, Nathalie, une femme d’origine marseillaise en a fait les frais. Après s’être cassée une dent, elle appelle un dentiste, qui accepte de la prendre en urgence. Par mesure de précaution, elle prévient la secrétaire médicale qu’elle est séropositive, observante et non contaminante.

Et là, subitement, le rendez-vous est décalé à une heure tardive»,

témoigne Nathalie. Un autre cabinet l’a carrément orienté vers l’hôpital. Après quatre appels, elle a pu être prise en charge normalement. Et se désole évidemment que les personnes atteintes du sida soient considérées comme des pestiférées. Ce refus de prise en charge est illégal et passible de sanctions, mais dans les faits, elles sont rares.

De peur d’être rejetées, de nombreuses personnes séropositives s’interdisent d’avoir des relations affectives ou sexuelles. Elles n’osent plus parler de leur maladie et évitent de prendre leur traitement en public. Le regard de la société n’a pas beaucoup changé.

Je préfère me taire pour me préserver »,

explique Dominique. Il arrive tout de même que leur situation génère un sentiment de solidarité. En Belgique, la plateforme Prévention Sida a mis en ligne les résultats d’une expérience menée sur la terrasse d’un café. En caméra cachée, trois acteurs (deux clients et un serveur) ont simulé une scène de discriminations dans le but de faire réagir les gens autour. Très souvent, les clients se sont indignés et ont défendu la personne discriminée. Une vidéo qui donne tout de même un peu d’espoir…