Vivre après un cancer

Cancers
Vivre après un cancer

Après un cancer des ovaires, Christine en est à sa troisième année de rémission. Mais c’est l’après cancer, qui, pour elle, est le plus difficile à vivre.

Lorsqu’elle a appris qu’elle était atteinte d’un cancer des ovaires, Christine Delfolie n’a pas bien réalisé ce qui lui arrivait. Diagnostiquée suite à un frottis, elle se refuse à y croire. « Mon gynécologue m’avait prescrit des ovules à mettre pendant trois mois, mais à l’issue de cette période, le résultat du frottis n’était toujours pas bon. Il a finalement réalisé une biopsie laquelle a révélé un adénocarcinome. J’ai tapé ce mot sur le web car je ne l’avais jamais entendu. J’ai réalisé que c’était beaucoup plus grave que ce que me disait mon médecin, qui a toujours sous estimé la gravité du problème. Selon lui, il n’y avait rien d’alarmant », déclare-t-elle. Elle sollicite alors un deuxième avis en octobre 2009 à Lille et réalisé que ses marqueurs sont supérieurs à 1900 là où ils devraient être inférieurs à 35. Une entrée en urgence à l’hôpital s’impose. Au cours des 8h de chirurgie, l’équipe soignante découvre que l’utérus et le diaphragme ont été envahis, de même que 18 ganglions digestifs. « Si ma maladie avait été prise en compte plus tôt, j’aurais pu éviter les métastases sur le diaphragme », précise Christine Delfolie.

C’est avec un immense courage qu’elle affronte la maladie. « La chimio ? On en fait tout un plat. Je suis ressortie de là beaucoup plus forte, c’est moi qui remontait le moral de mes proches », évoque-t-elle. Mais c’est la période de rémission qui s’avère la plus lourde. Jusque là, elle n’avait pas bien pris réalisé ce qui lui arrivait. Elle faisait un déni du mot « cancer ».

Pourtant, cette période n’a pas été simple a gérer : « les gens changeait de trottoirs quand ils me voyaient comme si j’étais contagieuse. Sans parler de ceux qui sont très mal à l’aise car ils ne savent pas quoi dire. On perd beaucoup d’amis. De plus, je ne pouvais pas marcher à cause d’un lymphodème provoqué par l’ablation des ganglions ».

Néanmoins, elle se bat fermement. Mais en réalisant tout ce qu’elle ne peut plus faire aujourd’hui, Christine a pris pleinement conscience  que son corps était affaibli et transformé : « Ma féminité a été mutilée puisque j’ai une cicatrice qui s’étend des seins jusqu’au pubis. Je n’ai plus de libido. Je suis suivie par un sexologue, mais cela ne sert à rien ».

Cette femme qui a fait attention à son apparence pendant des années se retrouve très désemparée de ne plus pouvoir porter les vêtements qu’elle aimait. Quant à passer l’aspirateur ou repasser, elle ne peut plus y penser. Chaque geste lui demande un effort : « Ce sont tous ces petits à côtés qui pourrissent la vie et ont tendance à déprimer. Heureusement, dans mon malheur, j’ai la chance d’avoir un mari aimant et trois garçons ». Ils avaient entre 10 et 18 ans au moment de son intervention.

Bien qu’elle soit bien entourée, la solitude lui pèse parfois : « Pendant la maladie, on est très entouré par le corps médical. Puis on se retrouve seule et il faut attendre six mois avant de revoir un spécialiste. C’est précisément au moment où j’ai le plus eu besoin d’aide qu’on m’a lâché dans la nature ». Reconnue comme adulte handicapée, Christine continue de se battre. Avec, comme pour tout le monde, des hauts, et des bas…