De nouvelles façons de lutter contre cette maladie vont-elles voir le jour ? L’immunothérapie ouvre le champs à de nouvelles possibilités de traitements. En parallèle, de nouvelles pistes de recherches apportent un vent d’espoir…
Souvent diagnostiqué très tard, ce cancer est très sournois, dans la mesure où les symptômes peuvent être confondus avec d’autres maux. « J’avais régulièrement l’abdomen gonflé, ainsi que des troubles du transit, sans parler des variations de poids, mais je mettais cela sur le compte d’une mauvaise alimentation », raconte Céline, diagnostiquée il y a trois ans. Elle a d’ailleurs été « considérée avec un peu de dédain » selon ses termes par les médecins, avant d’être enfin prise au sérieux. De même, les autres signaux d’alerte (douleurs dorsales, fatigue et saignements vaginaux) peuvent aisément être attribués à d’autres causes, notamment le surmenage. C’est la raison pour laquelle ce cancer, dans 75% des cas, est découvert à un stade très avancé, alors que la maladie a déjà atteint le stade III. C’est l’un des plus redoutables, avec un taux de survie de seulement 43% à 5 ans et 20% pour les stades les plus avancés. À noter, les patientes porteuses de la mutation génétiques BRCA1 ou BRCA2 sont plus à risque de développer ce type de cancers.
Septembre turquoise : sensibiliser pour mieux prévenir
Depuis quelques années, l’opération « septembre turquoise » a vocation à sensibiliser les patientes. C’est d’autant plus pertinent que ce cancer, comme évoqué, est souvent diagnostiqué très tardivement. Imagyn, l’association de patientes en cancers gynécologiques, mais aussi Mon réseau cancer gynéco sont très impliqués dans cette démarche de prévention, certes moins connue qu’Octobre Rose mais tout aussi importante, car le cancer de l’ovaire est le 8e le plus fréquent chez la femme et la 4e cause de mortalité par cancer chez la femme. Il est donc important d’être à l’écoute. « Sachant que les symptômes sont peu spécifiques, il ne faut pas hésiter à insister auprès des médecins pour bénéficier d’examens (échographie endovaginale, scanners, IRM, prise de sang avec dosage du marqueur CA125…). C’est finalement grâce à une coelioscopie que ma tumeur a été découverte », précise Céline. Si l’âge moyen du diagnostic est de 68 ans, elle n’avait pour sa part que 34 ans au moment du diagnostic. En raison de son jeune âge, l’hypothèse d’une tumeur n’a pas été envisagée. Pas tout de suite du moins. Quatre ans après ce séisme personnel, elle milite pour une plus grande sensibilisation aussi bien des femmes que du corps médical. Dans cette logique, Septembre Turquoise lui semble une parfaite opportunité pour parler de la maladie.
L’immunothérapie continue de prouver son efficacité
Les pronostics concernant le cancer épithélial de l’ovaire (CEO) sont hélas souvent sombres. Depuis deux décennies, les progrès sont plutôt modestes en termes de gain de survie. Toutefois, les nouveaux traitements d’immunothérapie sont porteurs d’espoirs. Ils ne visent pas directement la tumeur, mais agissent principalement sur le système immunitaire du patient pour le rendre apte à attaquer les cellules cancéreuses. L’immunothérapie spécifique consiste à stimuler certaines cellules immunitaires pour les rendre plus efficaces ou à rendre les cellules tumorales plus reconnaissables par le système immunitaire. Des traitements d’immunothérapie spécifique ont été développés pour rétablir une réponse immunitaire adaptée. Les plus couramment utilisés aujourd’hui sont les inhibiteurs de points de contrôle (inhibiteurs de check-point) mais d’autres approches sont en cours de développement. Les cellules tumorales sont capables de détourner les dispositifs de contrôle du système immunitaire pour éviter d’être attaquées et détruites. Pour cela, la tumeur déclenche des mécanismes très précis qui inactivent les cellules immunitaires et plus particulièrement les lymphocytes T. L’organisme ne peut pas alors fournir une réponse adaptée de l’organisme pour lutter contre les cellules cancéreuses. On dit que la tumeur « freine » le système immunitaire. L’immunothérapie permet le blocage de ces freins. Plusieurs traitements exploitant ce mécanisme d’action très prometteur sont en cours d’évaluation chez les patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire dans des essais cliniques de phase III.
Une protéine impliquée dans le développement des métastases
Plusieurs recherches sont en cours de par le monde pour tenter de vaincre le cancer de l’ovaire. Citons par exemple le travail de scientifiques québécoises, qui ont identifié le rôle crucial d’une protéine dans le développement des métastases. Parue dans la revue scientifique Nature Communications, leur recherche montre que la neutralisation d’une protéine pourrait permettre d’empêcher le développement des métastases, lesquelles sont responsables de 90 % des décès. Elles ont comparé les cancers les plus meurtriers, avec des cancers dits de faible malignité, et ont tenté de voir ce qu’il y avait de différent au niveau cellulaire. Elles ont ainsi découvert qu’une protéine permet aux cellules du cancer de l’ovaire de se déplacer. D’où l’intérêt de s’en débarrasser, ou plutôt de l’inhiber, afin d’empêcher le développement des métastases. Soulignons qu’il ne s’agit pour l’heure que d’une étude pré-clinique et pas d’une thérapie. Il n’en demeure pas moins que la recherche est en ordre de marche pour tenter de combattre cette terrible maladie….
(1) 1 : Source : Les cancers en France – l’essentiel des faits et des chiffres / Édition 2019 – INCa https://www.e-cancer.fr/Expertises-et-publications/Catalogue-des-publications/Les-cancers-en-France-en-2018-L-essentiel-des-faits-et-chiffres-edition-2019