Le cancer du pancréas tue plus que les accidents de la route

Le cancer du pancréas tue plus que les accidents de la route

Force est de constater que le cancer du pancréas est souvent dépisté trop tardivement car la maladie ne se manifeste qu’à un stade déjà évolué. D’où une véritable course contre la montre à partir du moment du diagnostic.

On connaît encore mal les facteurs de risque de cette maladie, mais une chose est sûre : l’incidence augmente vertigineusement. Et il est très difficile d’en freiner l’évolution.

Le cancer du pancréas tue plus que les accidents de la route. Et dans dix ans, il tuera plus que tous les autres cancers hormis celui du poumon

selon le Pr Pascal Hammel, chef du service d’oncologie digestive de l’hôpital Beaujon.

L’incidence augmente de façon vertigineuse

Chaque année, près de 11 600 nouveaux malades sont diagnostiqués. Dans le sombre classement des maladies qui tuent le plus chaque année en France, le cancer du pancréas est en quatrième position. Selon ce même professeur, dans trois ans, il sera en deuxième place, derrière le cancer du poumon. Ce dernier reste en tête avec plus de 30 000 décès par an, à cause du tabagisme. Le tabac étant aussi le principal facteur de risque pour le cancer du pancréas, expliquant au moins 20 % des cas.

C’est le seul cancer pour lequel il y a autant de nouveaux cas que de décès chaque année,

déplore le Pr Pascal Hammel, chef du service d’oncologie digestive de l’hôpital Beaujon.

Une course contre la montre

Même s’il s’agit d’une maladie très grave, lorsque le diagnostic est posé à un stade où la tumeur est encore opérable (20 % des patients), le taux de survie à cinq ans s’améliore et peut atteindre 20 à 30 %. Le Pr Hammel souligne l’importance de l’efficience du parcours de soins dans la mesure où, dès les premiers symptômes, une course contre la montre s’engage. Des études révèlent en effet que lorsque le spécialiste voit un patient dont le scanner remonte à plus d’un mois, il y a 20 % de risques que de petites métastases soient apparues. Et la tumeur n’est alors plus opérable.

Des hôpitaux comme Beaujon, à Paris, ont d’ores et déjà mis en place des accueils rapides pour faire en sorte qu’il y ait une prise en charge sous 14 jours.

Une fois qu’un patient nous est adressé pour une suspicion de cancer avec un scanner montrant une masse pancréatique, explique le Pr Hammel, nous envisageons rapidement la possibilité de faire une biopsie. En fonction des résultats, nous pouvons poser une chambre implantable dans la semaine pour débuter le traitement dans les 10 jours.

Les symptômes du cancer du pancréas

Les principaux signes qui motivent une consultation sont un amaigrissement rapide, une fatigue, une anorexie, des douleurs abdominales ou au milieu du dos, des nausées, une jaunisse, des selles grasses ou décolorées…. Mais un temps précieux est perdu avant d’avoir un rendez-vous chez le spécialiste, c’est pourquoi il est indispensable de disposer de filières ou de réseaux bien identifiés pour gagner du temps. La médiane du délai estimé entre l’apparition des premiers symptômes et l’annonce du diagnostic définitif de cancer du pancréas varie de 41 à 65 jours.

Quand des symptômes évocateurs sont combinés chez un patient qui a l’âge d’avoir ce cancer (69 ans en moyenne), il faut penser au pancréas, plaide le Pr Hammel.

L’inégalités d’accès aux soins

Sur l’ensemble du territoire, les inégalités interpellent. En fonction du département où l’on vit, les chances d’accès à un traitement curatif sont plus ou moins importantes. De même, dans les centres experts, les résultats sont souvent meilleurs qu’ailleurs. Certains malades, traités à temps, pourront avoir parfois des survies allongées de deux voire trois années. Avec toujours l’espoir que la recherche continue d’avancer.