Confinement, maladie et célibat : la triple peine

Vie amoureuse
Confinement, maladie et célibat : la triple peine

Le confinement prolongé a mis tout un chacun à rude épreuve, et notamment les célibataires. Pas facile de rencontrer des gens dans ce contexte. Et pour les personnes atteintes d’une maladie chronique, c’est encore plus compliqué. Une sorte de triple peine.

Juliette a appris il y a deux ans qu’elle avait une sclérose en plaques. Impossible de détecter ce handicap de prime abord. Joviale et pleine de vie, elle a su apprendre à vivre avec la maladie. Elle a pu bénéficier d’un poste adapté dans le cadre de son activité professionnelle, et, grâce à un suivi psychologique, elle a progressivement pris de la hauteur par rapport au mal dont elle est affectée. On ne remarque ce dernier que lorsqu’elle se met à marcher. Même quelques mètres peuvent être éprouvants. Il lui arrive d’ailleurs parfois de prendre une canne pour se mouvoir, car elle a des troubles de l’équilibre.

Par le passé, elle avait l’habitude de faire des rencontres dans des soirées. « Évidemment, je ne pouvais pas rester debout du début jusqu’à la fin, mais il y avait toujours moyen de s’asseoir quelque part et d’échanger », raconte-t-elle. Le confinement a été pour elle synonyme d’isolement, au propre comme au figuré. C’est simple, elle ne voyait plus personne.
Restait l’option des sites de rencontres, mais… où retrouver les personnes avec lesquelles on a échangé. « Avant la crise sanitaire, il m’était arrivé d’aller sur ce type de plateforme. Je retrouvais mes rendez-vous dans des cafés, mais là, c’était impossible. Je n’envisageais ni d’aller chez quelqu’un que je ne connaissais pas, ni de faire venir la personne chez moi dès la première fois », explique-t-elle.
Beaucoup de célibataires ont alors résolu le problème en allant faire un tour dans le jardin public le plus proche, mais pour Juliette, c’était mission impossible. Au bout de quelques mètres, ses jambes l’abandonnent.

Je me sentais très fragilisée psychologiquement. C’était très pesant de ne pouvoir voir personne. Et la dimension affective et tactile est très importante. Je n’ai pas d’enfants, et je me sentais très seule, confesse-t-elle.

Juliette n’a que 32 ans, et toute la vie devant elle pour rencontrer l’âme sœur. Il n’en demeure pas moins que cette solitude prolongée a été très pesante, pour elle comme pour tant d’autres patients. Elle espère rencontrer un jour une personne qui saura accepter sa maladie. « Ce n’est pas évident pour un homme car ça peut faire peur. Certains sont partants pour passer quelques moments sympa, mais pas nécessairement pour s’engager durablement avec une personne atteinte d’une maladie chronique », témoigne-t-elle.

Faut-il parler de sa maladie dès les premiers rendez-vous ? Juliette a choisi de le faire assez tôt au début d’une relation, par souci de franchise :

C’est un vrai sujet en effet. Vivre avec une personne qui tombe un jour malade, c’est une chose. Accepter cet aléa dès le début d’une romance, c’en est une autre.

Heureusement, plusieurs exemples montrent que des hommes et des femmes sont prêts à s’engager en toute connaissance de cause. Delphine a rencontré il y a 12 ans l’homme avec lequel elle partage encore sa vie aujourd’hui, à un moment où elle était… dans un lit d’hôpital. Il venait rendre visite à sa mère, et la magie a opéré.
De quoi garder l’espoir en dépit d’une période bien éprouvante….

M-FR-00005994-1.0 – Etabli en janvier 2022