De nombreuses études mettent en évidence les bénéfices d’une activité physique régulière et prolongée après certains cancers, notamment celui du sein. Outre la réduction de la fatigue et une meilleure qualité de vie, l’exercice physique permet aussi de réduire jusqu’à 50% le risque de rechute. Les explications du Dr Thierry Bouillet, cancérologue à l’hôpital Avicenne à Bobigny (Seine Saint-Denis) et Président de la Fédération nationale Cami Sport et Cancer.
Pourquoi se remettre au sport après un cancer du sein ?
C’est fondamental. En fait, les choses sont très simples. L’activité sportive et physique après un cancer du sein est le seul traitement actuel pour lutter contre la fatigue, le symptôme pour tous les patients.
Une fatigue chronique, persistante, fluctuante. Seule l’activité sportive et physique permet de réguler un petit peu cette situation.
Mais reprendre une activité physique présente aussi d’autres bénéfices : cela permet de changer de qualité de vie, notamment parce que les patients ont une meilleure estime d’eux mêmes. C’est aussi l’occasion de nouer des relations sociales. Sans parler du fait que l’on diminue les risques de diabète, de maladies cardiovasculaires, neurodégénératives et d’autres cancers comme le côlon.
Faire du sport a un impact sur le niveau d’oestrogènes et les défenses immunitaires.
A chaque patiente donc de choisir le sport qui lui plaît le plus, par exemple la natation, la danse, le vélo, la marche, le tennis. L’important est de le pratiquer avec plaisir, seule, avec des copines ou en groupe. Le sport change la façon dont ne se sent dans notre corps. Il augmente aussi les chances de retour au travail.
Une activité physique, oui, mais sous quelles conditions ?
Pendant et après le traitement, les femmes souhaitent continuer à avoir une vie normale, à prendre soin d’elles. Celles qui étaient sportives avant la maladie veulent s’y remettre et certaines qui ne l’étaient pas désirent commencer. Si la pratique d’un sport est importante et recommandée, elle ne doit pas se faire n’importe comment.
Il y a des associations qui prennent en charge des patients cancéreux. Il faut une activité physique régulière qui fait travailler tout le corps, 3 fois par semaine de 45 minutes à 1 heure. Cours collectifs, individuels, le programme de ces activités physiques varie d’un patient à l’autre mais un paramètre est primordial : il faut faire du sport de façon sécurisée.
Les coachs doivent être formées à la cancérologie et aux traitements. Ils doivent savoir ce que c’est que de prendre en charge un patient qui a eu un cancer. Les malades ont besoin de se sentir encadrés, sécurisés et pris en charge. Il faut des gens compétents, capables d’évaluer et de suivre ce qui se passe et de prendre en charge correctement.
Vous paraît-il nécessaire de se rapprocher des associations ?
En tant que Président de la Fédération Nationale Cami Sport et Cancer dont le but est de proposer aux patients des séances d’exercice physique adaptées à chaque patiente, j’aurai tendance à vous dire que oui. La CAMI Sport et Cancer est présente dans 24 départements avec plus d’une cinquantaine de lieux de thérapies en ville et 11 pôles intra-hospitaliers.
L’annonce d’un cancer est un choc mais passés le lourd traitement et l’épreuve de la maladie, « bien vivre » après un cancer est possible, même si ce n’est pas facile.
La pratique d’une activité sportive améliore l’état psychologique, redonne de l’énergie, contribue à retrouver un équilibre de vie, à avoir à nouveau confiance en soi, à retourner au travail … bref que du positif !