Libérer la parole sur l’annonce du cancer, c’est essentiel !

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Libérer la parole sur l’annonce du cancer, c’est essentiel !

Lorsque le diagnostic d’un cancer est posé il faut y faire face soi-même puis en parler à son entourage, à sa famille et notamment à ses enfants. Comment trouver les bons mots? Nicole Landry-Datté, psychanalyste à l’Unité de psycho-oncologie de l’Institut Gustave Roussy à Villejuif et pionnière dans la création de groupes de soutien aux enfants de parents malades, nous donne des pistes de réponse dans le cadre d’un entretien pour Bulles Santé.
 

En quoi consiste un groupe de soutien ?

Les malades ne savent souvent pas comment parler de leur maladie à leurs enfants et n’osent même pas leur annoncer la nouvelle afin, pensent-ils, les protéger. Je me suis posée la question de savoir comment les aider à leur en parler. Créer un groupe permet de rassurer les enfants car ils constatent qu’ils ne sont pas seuls dans cette situation. Cela les aide à aborder certaines questions dont celle de la mort puisque c’est souvent la première chose qui leur vient à l’esprit.

Comment les groupes se sont-ils mis en place ?

En premier lieu l’idée était d’aider les parents à communiquer avec leurs enfants. Je travaille en binôme avec un médecin qui répond aux questions des enfants. Cela me paraît essentiel qu’un « vrai » médecin réponde aux questions médicales en premier lieu, et un psy à d’autres questions d’ordre psychologique.

Quelles sont les questions fréquentes?

Les parents se pensent d’abord défaillants dans leur rôle de protection. Ils projettent aussi leurs angoisses sur leurs enfants et essaient de les protéger en ne leur parlant pas. Quant aux enfants, ils ont tendance à craindre que le simple fait d’y penser contribue à ce que cela arrive ».

En quoi ce type de groupe de parole est il est nécessaire?

Les parents et les enfants ont besoin d’un temps pour encaisser le choc, le digérer, atténuer l’angoisse qui les envahit. La parole via ce genre de groupe est leur meilleur allié. Faciliter le dialogue, c’est essentiel.

Que faut-il faire en tant que parent?

Parler et communiquer ! Il ne faut pas laisser les questions des enfants sans réponses car ils s’imaginent le pire. Il faut prendre le temps de trouver les mots et leur annoncer la maladie ni trop tôt, ni trop tard. Trop de parents le font au moment de la première cure de chimio. Je recommande de partir d’un fait du quotidien, d’expliquer avec des mots simples un moment de fatigue ou de pleurs. Deux éléments me paraissent déterminants : la confiance et la vérité.

Peut-on évoquer avec eux la question des traitements ?

Oui tout à fait ! Il faut parler des médicaments, des traitements, de la chirurgie, de la radiothérapie, de la chimio, des vomissements, de la chute des cheveux et même du risque de dépression.

Un enfant peut il justement tomber en dépression lui aussi ?

Oui, surtout si on ne lui dit rien. Il faut parler pour éviter qu’elle ne survienne plus tard, quand il sera adulte. Un dialogue bien mené pendant la période de l’enfance pourra aider un enfant à ne pas devenir un adulte déprimé.

Quel bilan dressez-vous de ces groupes de soutien?

En 13 ans, nous avons vu plus de 700 enfants. Nous constatons que la maladie et la mort sont des sujets tabous. Or ces groupes sont idéaux pour libérer la parole.

 

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