L’immunothérapie du cancer, oui mais pas seulement…

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L’immunothérapie du cancer, oui mais pas seulement…

Plusieurs stratégies thérapeutiques sont utilisées pour lutter contre le cancer (radiothérapie, chimiothérapie, thérapies ciblées…). Si la dynamique de l’immuno-oncologie prend une place grandissante dans l’arsenal thérapeutique, celle-ci s’inscrit, plus que jamais, dans le cadre de traitements combinés.

A chaque combat, une stratégie pour l’emporter… Celle pour venir à bout du cancer (des cancers) a, ces dernières années, pris un virage présenté comme décisif par la communauté scientifique et médicale. Cette nouvelle approche thérapeutique est centrée sur l’immuno-oncologie. Comprenez une thérapie s’appuyant sur la stimulation du système immunitaire et ses ressources défensives pour combattre les cellules cancéreuses. Pas de quoi malgré tout reléguer au second plan les traitements connus depuis plus longtemps et dits « conventionnels » que sont la radiothérapie ou la chimiothérapie.

Avec l’avènement de l’immuno-oncologie, nous pouvons parler de changement de paradigme dans la prise en charge du cancer. Il s’agit d’une nouvelle approche différente des solutions thérapeutiques disponibles jusqu’à présent telles que la radiothérapie, la chimiothérapie ou les thérapies ciblées. Cette nouvelle stratégie mise davantage sur la force du système immunitaire en rendant à ce dernier son rôle de défense de l’organisme et en contrant les mécanismes d’échappement utilisés par les tumeurs,

explique le Dr Olivier Mir, oncologue médical à l’hôpital Gustave Roussy à Villejuif. Cependant, au regard de la petite proportion de patients répondant positivement et à long terme aux traitements par immunothérapie, il n’est pas encore question de parler de révolution universelle.

D’autant plus que l’immunothérapie, en s’intégrant à des approches combinées, est davantage envisagée dans une logique de polythérapie. Dans ce cadre, les traitements « conventionnels » (radiothérapie, chimiothérapie) auront pour objectif d’augmenter l’efficacité de l’immunothérapie.

L’immuno-oncologie constitue ainsi la pierre angulaire de cette association de traitements au sein des stratégies thérapeutiques de lutte contre le cancer. Il ne s’agit donc pas de remplacer mais de travailler les associations de traitements pour plus d’efficacité,

poursuit le Dr Olivier Mir.

Profiter des faiblesses de la cellule cancéreuse

Quoi qu’il en soit, l’immunothérapie est d’ores et déjà utilisée en monothérapie, c’est-à-dire en traitement unique, notamment pour traiter le cancer du poumon ou certaines leucémies.

Compte tenu de la petite proportion de patients longs répondeurs aux monothérapies immuno-oncologiques, les traitements conventionnels ont encore toute leur place dans l’arsenal thérapeutique face au cancer,

confirme le Dr Olivier Mir. Le recours à l’immuno-oncologie tend davantage à s’inscrire dans le cadre d’une action ultra-ciblée. En effet, plusieurs études ont permis aux chercheurs d’identifier des périodes où la cellule cancéreuse est plus vulnérable. L’objectif est d’inciter le système immunitaire à agir durant ces périodes. On parle de mécanismes d’action ciblés, comprenez des actions qui vont spécifiquement contourner les mécanismes d’échappement des cellules cancéreuses pour les détruire.

A l’heure où des promesses de parcours de soins et de médecine personnalisés sont régulièrement avancées, les stratégies thérapeutiques pour lutter contre le cancer doivent nécessairement progresser elles-aussi dans ce sens. Dans ce contexte, il s’agit de définir, pour chaque patient, une stratégie thérapeutique personnalisée prenant en compte les spécificités de « son » cancer.

L’avenir de la prise en charge du cancer passera par des traitements adaptés à chaque patient avec des associations de traitements immuno-oncologiques spécifiques aux mécanismes d’échappements immunitaires propres à la tumeur, et ce possiblement en combinaison avec des traitements conventionnels,

souligne le Dr Mir. Et de conclure :

Il reste un long chemin à parcourir pour trouver une solution thérapeutique pour tous les cancers et pour tous les patients. L’objectif prioritaire consiste à augmenter significativement la proportion des longs survivants thérapeutiques pour tous les cancers.