Nuls doutes sur l’efficacité des soins de support !

Cancers
Nuls doutes sur l’efficacité des soins de support !

Oncologue médical et médecin de la douleur au sein de l’institut Bergonié de Bordeaux, Ivan Krakowski préside par ailleurs l’Association Francophone pour les Soins Oncologiques de Support (AFSOS). A l’occasion d’Octobre Rose, il accorde à Voix des Patients une interview exclusive.

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Ivan Krakowski

Quel est l’impact des soins de support dans le traitement du cancer en général?

Les soins de support jouent un rôle majeur dans le traitement des cancers car nous avons aujourd’hui le recul nécessaire pour l’affirmer et mesurer leurs bénéfices. Ces soins, variés selon les besoins (accompagnement psychologique et social, gestion de la douleur, de la fatigue, de la dénutrition…), permettent en effet d’améliorer les résultats des traitements, d’augmenter la survie dans le cas de certains cancers et de contribuer de manière évidente à une meilleure qualité de vie du patient.

Pourtant, il n’a pas été si facile de les imposer…

En effet, le chemin pour imposer ces soins dans la prise en charge des cancers a été long. Tout a commencé dans les années 1960, lorsque l’arrivée des soins palliatifs a introduit la notion de « prise en charge globale » des maladies, même lorsqu’il ne semblait plus rien à faire. La découverte en 1975 des récepteurs de la morphine a renforcé l’intérêt et l’engagement d’une partie du personnel soignant dans ces 2 nouvelles approches. Mais c’est réellement dans les années 1990 que des médecins qui s’intéressaient à la douleur, à la dénutrition et aux soins palliatifs, décident de conjuguer leurs efforts pour créer le premier groupe de soins de support au sein des Centres de Lutte Contre le Cancer (UNICANCER). Nous continuons à marcher aujourd’hui dans ces pas. J’ai eu la chance de vivre ces années qui ont été déterminantes parrallèlement au progrès de la cancérologie.

Ces soins sont-ils selon vous suffisamment développés à la fois en milieu hospitalier et en ville?

L’offre de soins s’est depuis considérablement développée, le résultat est très positif, mais il reste encore beaucoup à faire ! Notre combat continue dans les hôpitaux, où, malgré de réels progrès, les contraintes économiques ou politiques freinent parfois leurs développements. Par exemple, recruter un diététicien dans un hôpital, plutôt qu’une infirmière, demande un arbitrage difficile et des choix argumentés. L’ajustement est permanent, et notre rôle est de rappeler aux décisionnaires que le diététicien, pour reprendre cet exemple, n’apporte pas qu’un effet de confort ou de bien-être alimentaire, mais un réel soin nutritionnel. Nous nous battons également pour développer ces soins en ville: un patient y passe les 9/10èmes de son temps. Il est donc logique d’y renforcer leur présence !

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Quel message avez-vous envie de faire passer à l’occasion d’Octobre Rose ?

L’arrivée d’Octobre Rose est pour moi l’occasion d’illustrer l’importance de ce type de soins de manière particulière. En effet, le cancer du sein atteint des femmes. Et qui dit femmes, il faut bien le reconnaître, dit, en général patientes plus sensibilisées que les hommes à l’approche « d’accompagnement ». Et plus enclines à parler librement de leurs besoins et de leurs attentes. Il y a une appétence et une attente chez elles en matière de soins de support. En ce sens, les patientes atteintes du cancer du sein sont un peu nos patientes emblématiques! Elles assument et revendiquent le droit aux soins de support. Souvent jeunes, éduquées, elles attendent du personnel soignant un appui sur tout ce qui les questionnent : fatigue, douleur, esthétique, vie sexuelle… Octobre rose a sans doute contribué à libérer la parole des femmes sur leurs problématiques face au cancer du sein, c’est extrêmement positif, le dialogue se fait sans tabous et les soins de support y trouvent tout leur sens ! Comme souvent cela promet des améliorations aussi pour plus d’hommes…