Au bout du traitement, quand la partie semble enfin gagnée contre la maladie, il n’est pas toujours facile de se réapproprier sa vie. Gérer la fatigue, sortir de l’épreuve, lutter contre la peur d’une récidive : le soutien d’un psycho-oncologue peut alors être précieux. C’est ce métier qu’exerce avec passion Catherine Adler-Tal, au sein de l’association Étincelle.
Pourquoi beaucoup de femmes vivent-elles mal l’après-traitement ?
Hors de danger, elles se retrouvent livrées à elles mêmes sans plus de soutien médical et démobilisées de leur guerre contre la maladie. Elles avaient concentré toutes leurs forces dans ce combat. Et tout à coup, plus rien. C’est le relâchement total, la décompression, et parfois la dépression. Elles se culpabilisent de ne pas retrouver leur joie de vivre. Le fait d’avoir vécu cette épreuve dans leur chair donne forme à une menace réelle et amplifie leur peur d’une récidive. L’après traitement est une période de convalescence tant sur le plan physique que psychologique. Et il faut compter une bonne année pour se reconstruire.
Comment aidez-vous ces femmes à se retrouver?
Je les encourage à mettre en balance le poids de cette épreuve avec l’opportunité de profiter de la vie. Le fait d’avoir frôlé la mort incite à prendre du recul sur ses priorités, sur ce qu’on a rêvé de faire et qu’on a jamais osé. C’est une occasion de faire bouger les lignes. Et il faut en profiter. J’aide ces femmes à retrouver les notions de bien-être, de plaisir et de désir. S’occuper de soi, non plus pour combattre la maladie, mais pour se faire du bien. Il faut pouvoir se réconcilier avec ce corps qui a été secoué, malmené, traumatisé et qui abritait un ennemi : la maladie. Cela commence par reprendre une activité physique. Ne serait-ce que marcher une demi-heure par jour. Renouer avec la sexualité, ou avec la sensualité, se sentir de nouveau désirable est aussi un bon moyen de revenir à la vie. En opposant Eros, dieu de l’amour, à Thanatos, celui des morts.
L’entourage a-t-il un rôle important à jouer ?
Àprès les traitements, la patiente a encore besoin de se sentir soutenue, surtout par ses proches. Mais la confrontation est parfois difficile. Considérée comme « guérie » par son entourage mais dans un état de fatigue extrême, elle se sent en décalage. Elle aimerait parler de son expérience douloureuse alors que ceux qui l’entourent ont envie de passer à autre chose. Il faut rester à l’écoute et faire preuve de patience. Ne pas minimiser l’épreuve vécue ni la dramatiser.
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