Gynécologue à Nîmes, le Pr Marès rappelle que tous les sports sont accessibles aux femmes. En revanche, pour elles, il est nécessaire de mettre en place des préparations spécifiques.
On incite beaucoup les gens à pratiquer une activité physique, sans nécessairement toujours prendre en compte les différences entre les hommes et les femmes. Pourquoi est-ce important d’avoir une pratique adaptée ?
En effet. Les femmes présentent des spécificités qui impliquent une activité adaptée. Les répercussions de l’activité physique ne sont pas les mêmes selon le sexe, comme en atteste nos particularités anatomiques. Le périnée et le pelvis ne sont pas structurés de la même façon chez un garçon et chez une fille. Des sports profitables pour les hommes peuvent être délétères pour les femmes, en raison de différences au niveau des systèmes de soutènement musculaire. Ce qui ne veut pas dire que les femmes doivent renoncer. Je suis ravi qu’on commence enfin à parler de ces sujets, et notamment de l’intérêt d’une activité physique post cancer pour les femmes.
Quelles sont les spécificités féminines ?
Laissez-moi vous citer l’exemple d’une chanteuse d’opéra à laquelle on avait fait faire de la rééducation pelvi-périnéale post partum avec des équipes spécialisées. On lui avait appris à se servir de la sangle des releveurs du périnée, c’est-à-dire à savoir le contracter avant de faire un effort. On avait ainsi constaté que la rééducation lui avait permis d’améliorer de façon significative sa prestation musicale. En effet, elle savait désormais se servir de son diaphragme pelvien. Il faut prendre en considération les spécificités féminines. On constate par ailleurs qu’au tennis, par exemple, une femme peut gagner le premier set, mais pas forcément le second. Cela peut être lié à de la fatigue, ou encore à de petites fuites d’urine… mais personne n’ose le dire. Cela peut exister, or le sujet est encore tabou ! Nous pouvons pourtant les aider, grâce à une préparation adaptée et à des techniques de rééducation, à profiter de leur sport favori et même à améliorer leur compétitivité. C’est la raison pour laquelle nous avons créé l’association Sport et spécificité féminine.
Les femmes peuvent-elles utiliser les machines dans les salles de musculation ?
Il faudrait qu’elles soient mieux accompagnées dans l’usage de certains appareils. Quand j’ai commencé à exercer en tant que gynécologue, quantité de femmes sont venues consulter pour des incontinences urinaires. La raison : elles allaient chez des bodybuilders, pour avoir le ventre plat. C’était bien pour la paroi abdominale, pas pour le périnée, si bien qu’elles avaient des fuites d’urine. En réalité, de façon globale, il faut faire l’inverse : travailler la sangle des releveurs de l’anus (c’est-à-dire les muscles du périnée), et après gérer la sangle abdominale. Cela doit s’associer à un travail sur la respiration. Je vous ai parlé de l’anatomie et de la physiologie musculaire, mais il y a aussi la physiologie hormonale. Autrement dit, en fonction du cycle, la femme peut être en plus ou moins bonne condition physique. Aujourd’hui, certaines unités de recherche travaillent sur ces sujets. Notre équipe de Nîmes propose des formations pour que les femmes gardent une activité physique, que ce soit pendant la grossesse ou après la ménopause. Mais aussi après un cancer. Nous avons parfois recours à des appareils pour favoriser les stimulations, notamment à l’aide de sondes.
N’y a-t-il pas un déficit d’information ?
Si. Idéalement, il faudrait que les femmes puissent bénéficier d’un accompagnement approprié, que ce soit avec l’aide d’un coach sportif, d’un gynécologue ou d’un kiné ou d’une sage femme. Faire de la marche est bénéfique, tout comme une musculation légère et douce. Il ne faut pas hésiter à poser la question à votre médecin, lequel peut orienter vers des associations sport santé. Une fois par an, avec des collègues médecins, sage-femmes, kinésithérapeutes, préparateurs physiques… nous faisons de la sensibilisation sur ces sujets. Il me semble très important d’en parler !
M-FR-00011173-1.0 – Établi en mars 2024