« Je suis un homme et j’ai eu un cancer du sein »

Cancers
« Je suis un homme et j’ai eu un cancer du sein »

On parle beaucoup du cancer du sein chez la femme, en oubliant souvent qu’il existe aussi chez l’homme. Eric fait partie de ceux qui ont été concernés. Il nous raconte…

C’est en 2013 que la maladie se déclare.

J’ai été opéré d’un abcès péri-anal en 2012 qui a donné ensuite une fistule, elle-même opérée. Durant le traitement, j’ai dû dormir sur le ventre et c’est là que j’ai senti une douleur au sein droit, comme une petite boule. J’ai pensé à un kyste.

Eric en parle à son médecin qui trouve la boule un peu trop dure pour un kyste. Il craint plutôt une tumeur et prescrit une mammographie ainsi qu’une échographie, lesquelles seront suivies d’une biopsie. Le diagnostic tombe la semaine suivante : cancer du sein.

J’ai été accueilli par l’infirmière coordinatrice, le psychologue et le médecin. J’ai été pris en charge de manière efficace, l’annonce de la maladie a été bien faite.

La mise en place des traitements

Eric est atteint d’un cancer de grade 2, stade 2 qui a évolué vers un grade 3 stade 3, entre le moment de la première biopsie et la biopsie finale.

J’ai subi une mastectomie complète, une phase de repos et de rééducation, puis six séances de chimiothérapie. C’est le même traitement que pour les femmes étant donné qu’il n’y a pas de traitements spécifiques pour le cancer du sein chez l’homme. 25 séances de radiothérapie ont suivi.

La vie professionnelle entre parenthèses

A l’époque, Eric a 46 ans. En septembre 2012, il vient de prendre ses nouvelles fonctions quand son abcès péri anal se déclare. Agent de maîtrise dans les transports publics de Marseille, il est contraint d’abandonner son poste (mais le retrouvera après la maladie).

J’ai commencé l’hormonothérapie en janvier 2014 et ensuite j’ai repris mon travail à mi-temps thérapeutique avec un chef de service extraordinaire.

Mais l’assurance maladie s’en mêle et il s’entend dire par un inspecteur que soit il reprend à plein temps, soit il devra arrêter. Six mois après, Eric est contraint de négocier une rupture conventionnelle.

Une nouvelle vie et une récidive

Eric quitte donc son travail et Marseille. Il s’installe dans la Nièvre, pour des raisons financières mais aussi parce que sa compagne y a toute sa famille. Ensemble, ils emménagent à la Charité sur Loire, dans une petite ferme et ouvrent un commerce. Mais la récidive arrive en 2016 :

on m’a annoncé une récidive au niveau du poumon et des os. J’ai eu 18 séances de chimiothérapie, à raison d’une séance par semaine. Au bout de deux mois, j’ai commencé à avoir des réactions un peu étranges (par exemple une fois je me suis arrêté de parler). J’en ai parlé à l’oncologue qui m’a prescrit une IRM.

Cet examen a révélé des métastases au cerveau, 7 au total.

La chimiothérapie a été suspendue. Je suis passé à la radiothérapie et j’ai repris la chimiothérapie après. En juin 2017, il n’y avait plus rien, tout avait disparu sauf qu’en septembre 2017, tout est revenu de manière amplifiée. J’ai refait des séances de radiothérapie au niveau du cerveau parce que c’était le plus urgent.

La vie aujourd’hui

Il est rare mais les hommes développent un carcinome canalaire infiltrant. Son diagnostic est souvent tardif et de ce fait, le taux de survie moins bon chez l’homme que chez la femme. Il n’en demeure pas moins qu’Eric est un éternel optimiste :

je vis bien en me disant qu’il y a pire. J’ai une maladie à évolution lente, je cohabite avec elle, elle m’a ouvert les yeux sur autre chose. J’ai foi dans la guérison.

Il ne sait pas quelle sera l’évolution de son cancer.

Nous avons préparé un testament. Cela ne veut pas dire que je vais mourir mais on verrouille tout. Préparer la mort, c’est s’enlever un poids. Je veux profiter de la vie, de l’instant, partager, recevoir, donner de l’amour et ne pas se résigner, se dire que il y a quelque chose pour demain.